Est-ce que la santé de Rockwool vous a permis de traverser la crise sans trop de dommages ?
D’un point de vue groupe, la diversification géographique de notre société nous a permi d’alléger la pression économique. Mais, l’impact de la pandémie de COVID a été plus fort sur les pays du sud de l’Europe que dans les pays du nord., Nous restons un groupe solide financièrement.
Comment avez-vous traversé la période de confinement et sur quels leviers compter vous appuyer pour faire redémarrer l’activité ?
La priorité a toujours été la sécurité et la santé de nos collaborateurs. Pendant le confinement, Rockwool a pu assurer sa production tout en prenant les mesures nécessaires pour le faire. Cela nous a demandé des adaptations dans nos méthodes de travail et nos organisations, en particulier sur les lignes de fabrication, mais finalement nous avons toujours été capables de livrer nos clients.
L’activité de certains collaborateurs a dû être adaptée à la situation, notamment à travers la digitalisation. Par exemple, nous avons développé des webinaires pour accompagner nos clients à accroitre leurs compétences et expertise en isolation.
L’activité a repris au fur et à mesure dès la mi-mai. Et en juin beaucoup de compagnies ont eu besoin de rattraper le temps perdu ce qui a redonné une dynamique au marché. Elle devrait se poursuivre dans les mois qui viennent. Certains chantiers mettent plus de temps à redémarrer, en particulier les opérations en intérieur ou en milieu occupé.
Pour la reprise, le levier le plus important est le marché de la rénovation et les obligations liées aux certificats d'économies d’énergie.
Le marché du neuf sera lui plus difficile, bien que l’on anticipe un bon redémarrage sur les plateformes logistiques liées au e-commerce. La construction neuve est particulièrement liée à l’économie globale et aux investissements. 2021 est donc difficile à prévoir. En revanche, la rénovation a toujours été moins dépendante des cycles économiques.
Est-ce que Rockwool serait prêt à faire face en cas de relance massive de la politique de rénovation énergétique ?
La rénovation va continuer c’est certain : cela fait partie des solutions pour la sortie de crise. Or, aujourd’hui, nous sommes un acteur incontournable du marché de la rénovation. Nous connaissons une forte croissance en France, une forte activité industrielle (363 M€ de chiffre d’affaires en 2019 ndlr), donc, oui, nous pouvons faire face à une relance massive. Nous en avons les capacités en termes de produits, de services et de main d’œuvre.
Beaucoup d’industriels ont annoncé suspendre leur politique d’investissement à cause de la crise sanitaire. Qu’en est-il de Rockwool?
Pour supporter notre démarche d’innovation en produits et services, nous avons réalisé des investissements importants, et nous les poursuivrons, notamment sur le site de Saint-Eloy-les-Mines (Puy-de-Dôme) : ils concernent une nouvelle technologie de pointe pour fabriquer la laine de roche.
Cette technologie nous a permis de lancer une nouvelle gamme hyper-performante en termes d’isolation et nous allons l’étendre.
L’investissement s’est fait aussi en termes de digital : la France est un pays pilote pour tester les nouveaux outils digitaux Rockwool. Il y a par exemple la plateforme Rockcommerce pour le e-commerce, qui va donner une expérience nouvelle au client : plus d’infos, plus de visibilité sur la réalisation des démarches d’approvisionnement. On peut presque dire que c’est une boutique ouverte 24h/24 pour nos clients B2B.
L’investissement concerne aussi l’environnement. Rockwool envisage-t-il une pause dans sa politique de développement durable ?
Le développement durable, c’est du long terme. On ne peut pas arrêter. Notre rapport 2019 montre que nous sommes engagés plus que jamais pour maximiser l’impact positif de nos produits et services et réduire progressivement l’impact de nos opérations : réduire la consommation d’eau, améliorer l’efficacité énergétique de nos bâtiments industriels comme à Saint-Eloy où nous avons bâti un nouveau bâtiment BBC.
Bien que nos produits permettent d’économiser 100 fois le carbone émis lors de la production, notre objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre reste une diminution de 20% en 2030 par rapport à 2015.
Pour cela, nous continuons à essayer de réduire l’utilisation des ressources grâce au recyclage de la laine de roche et des palettes via notre programme Rockcycle.
La laine de roche récupérée sur les chantiers – au départ les grands chantiers de construction neuve, bientôt sur les chantiers de rénovation - est réintégrée dans le processus de production : elle fait à nouveau partie de la matière première.
Dans le monde nous avons utilisé 159.000 tonnes de laine de roche recyclée pour nos produits, 500 tonnes en 2019 pour la France en addition à nos chutes de production, elles aussi 100% recyclées. Actuellement le taux de matière recyclée dans nos produits est de 25% environ. Mais, certaines lignes dans le groupe sont déjà montées à 50%. On peut même imaginer atteindre 75% avec quelques adaptations et surtout suffisamment de laine de roche à recycler.
Quant aux palettes, elles sont récupérées, testées, réparées le cas échéant et réutilisées.
Dernière « empreinte », nous sommes un business local, avec un tissu de fournisseurs locaux, qui contribue à l’économie locale.
On parle beaucoup du « monde d’après », selon vous quel impact la crise du Coronavirus va-t-elle avoir sur la construction ?
Côté produit, je pense qu’on ne s’intéressera plus seulement à la performance énergétique mais bien au confort d’usage, à la sécurité ainsi qu’à la durabilité et la recyclabilité, j’insiste. Quant au mode constructif, je pense qu’il y aura un peu plus de standardisation pour massifier les travaux, le digital prendra aussi une place importante, de la conception des bâtiments jusqu’à la relation client. Mais à court terme c’est l’économie circulaire qui va s’imposer.