« L’architecture est vectrice de créativité, de sensibilité, de soin et d'émotion », Pablo Katz

« Observateur lucide de l’état du monde », ainsi qu'il se dépeint, le président de l’Académie d’architecture présentait ses vœux ce 31 janvier, malgré «les temps incertains» que traverse l’époque.

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Pablo Katz, président de l'Académie d'architecture.

« Pessimiste par l'intelligence, mais optimiste par la volonté », c’est en citant l'économiste et homme politique William Beveridge (1879-1963), que Pablo Katz, actuel président de l’Académie d’architecture, a ouvert son allocution de vœux à l’attention du public réuni dans les salons de l’hôtel de Chaulnes (Paris IVe).

Si l’état du monde n’incline pas à  l’optimisme, « c’est sans doute dans des temps incertains que les vœux sont davantage nécessaires, à condition de se donner les moyens de contribuer à les exaucer ». Et Pablo Katz de poursuivre en reprenant les termes de son programme d’action du 4 mars 2021, alors tout juste élu président : « Il faut, sans aucun doute, posséder une nature optimiste pour s’aventurer à énoncer un projet dans un contexte à tel point bouleversé et dans lequel il devient téméraire de se projeter à courte échéance. »

Dans la suite de son allocution, le président de la vénérable institution, descendante directe de l’Académie royale d’architecture créée par Louis XIV en 1671, a insisté sur quatre points :

«Peut-on être architecte sans confiance en l’avenir ? Et sans la conviction que nous sommes des acteurs de la transformation ? Ce qui ne doit pas se confondre avec un quelconque angélisme. Au contraire, nous sommes à un moment charnière, et il nous revient de relever pleinement notre fonction sociétale. Depuis, aux crises environnementale, sanitaire, sociale, ce sont agrégées des crises politiques avec leur lot de drames en Europe et au Moyen-Orient et une crise financière avec le retour de l’inflation et l’accroissement des inégalités et de la pauvreté.

En France, la crise du logement, programme au cœur de l’action des architectes, et qui représente le poste de dépenses pesant le plus lourdement dans l’effort des ménages, est au cœur de la ségrégation spatiale et des inégalités. En ce sens, nous attendions avec fébrilité les annonces du nouveau gouvernement concernant le logement, et à la suite de l’intervention récente de notre premier ministre, l’on peut craindre que celui-ci ne mesure pas vraiment l’ampleur de cette crise.

De la protection de l’environnement à celle de la biodiversité, de la préservation des ressources à l’amélioration de notre cadre de vie, des réponses aux problématiques liées à la santé à la reconstruction des territoires dévastés par les guerres, tous ces sujets concernent, de près ou de loin, l’architecture et les architectes, dont leur champ d’action permet d’apporter des réponses aux questions majeures de société.

Dans des temps dominés par des logiques de court-terme l’architecture permet de penser le temps-long. Dans des temps instables, l’architecture introduit de la stabilité. Dans des temps de plus en plus complexes, aux savoirs fragmentés, ou l’hyper spécialisation devient le dogme, l’architecture introduit une vision transversale, globale, une approche holistique. Dans des temps stérilisés par les pensées quantitatives et performancielles l’architecture introduit créativité, soin, sensibilité et émotion. Enfin, et peut-être surtout, dans des temps mus par des intérêts individuels, l’architecture se soucie de l’intérêt général. »

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