L’architecte qui voit des champs à la place des toits

L’architecte anglais Oscar Rodriguez propose de coiffer les bâtiments londoniens de serres agricoles afin de ramener le parcours du champ à l’assiette à une cage d’ascenseur.

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Et revisite l’architecture vernaculaire londonienne

Amateur de Wing Chun, Oscar Rodriguez dessine des bâtiments  de la même façon qu’il pratique cet art martial chinois. Il voit l’implantation de surfaces agricoles sur les toits comme « l’enchaînement d’une esquive et d’une garde » face au dérèglement climatique et à la volatilité des énergies fossiles. « Si la force adverse est trop grande, cède et déplace toi pour te restructurer ». Autrement dit, en produisant des légumes et des fruits au-dessus de nos têtes, nous éviterons une  logistique lourde et nous mettrons à l’abri d’une possible explosion du coût des carburants.

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Il souhaite également mêler architecture et horticulture dans la construction neuve Il souhaite également mêler architecture et horticulture dans la construction neuve

« Si la moitié des 20 000 hectares de toits londoniens étaient transformés en serres agricoles, il serait possible de produire de quoi nourrir,  en fruits et en légumes, près de quatre fois la population de la ville », estime Oscar Rodriguez.  Fin 2012, ce dernier a créé la société Architecture and Food avec pour ambition d’implanter sur l’enveloppe des  immeubles londoniens de vastes surfaces horticoles. Sa méthodologie est la suivante. Pour chaque projet, Architecture and food constitue une équipe de maîtrise d’œuvre  en allant chercher toutes les compétences nécessaires à la conception. Une fois les fonds levés, une entité dédiée à la gestion agricole du bâtiment est créée, de manière à pouvoir négocier l’occupation de la toiture et la mise en place de la logistique nécessaire à la production de fruits et de légumes. « Pour les immeubles de bureaux, cette entité locale pourra être locataire du toit. Mais pour les logements sociaux, je souhaite partager la propriété du toit agricole avec tous les occupants, de manière à favoriser le lien social en amont, en implantant par exemple dans l’immeuble un espace de vente de légumes ou une cuisine communautaire», explique au Moniteur Oscar Rodriguez.

Une croissance des légumes en symbiose avec l’exploitation du bâtiment

Dans le district londonien d’Islington, pour le bailleur Ringcross Estate, Architecture and Food étudie la faisabilité de l’implantation, sur un immeuble de logements sociaux, de plus de 5000 m² de surfaces agricoles.  Tous les occupants collecteront leurs déchets organiques qu’ils jetteront dans un digesteur anaérobie installé en sous-sol. Le processus de méthanisation produira du biogaz qui servira à alimenter une unité de  cogénération  fournissant chaleur et électricité dans l’immeuble et livrera un liquide nutritif pour les cultures. L’eau de pluie collectée subira un traitement UV et sera réutilisée pour la culture.

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Et revisite l’architecture vernaculaire londonienne Et revisite l’architecture vernaculaire londonienne

Et si cette application de l’écologie au social n’a pas fini de vous  convaincre de l’intérêt de faire monter les travailleurs agricoles sur les toits, Oscar Rodriguez a encore un argument gustatif. « Les fruits et légumes qui pousseront sur nos  toits auront une saveur que ceux que nous trouvons sur les échoppes ont perdu  après deux semaines de transport», pointe ce dernier.

Tous les projets que mène Oscar Rodriguez sont encore au niveau de l’étude de faisabilité. Les londoniens devront encore attendre quelques saisons avant de pouvoir confectionner des crumbles et  des gelées avec les fruits du toit d’â côté.

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