C’était en février dernier. La société Aérophile se distinguait par l’installation d’ombrières dépolluantes au sein du Village des athlètes à Saint-Denis. Aujourd’hui, elle tire le bilan d’une expérimentation similaire, qui emploie le même système de purification de l’air extérieur, appelé Para-PM.
Dix de ces purificateurs ont été installés dans la cour de l’école Victoire du 9e arrondissement parisien depuis juin 2023 dans le cadre d’un projet en conditions réelles soutenu par l’Ademe, impliquant un investissement de 200 000 euros. La mairie est également motrice sur cet essai : « la qualité de l’air dans nos écoles et nos crèches est un sujet primordial, que nous avons pris à bras le corps avec l’installation dès 2018 de capteurs de CO2 et dès 2019, de purificateurs d’air intérieur », rappelle Delphine Bürkli, la maire du 9e arrondissement de Paris.
Sous le seuil des 15 μg/m3
L’installation des Para-PM doit permettre aux enfants de respirer un air plus pur, c’est-à-dire avec un taux de pollution ambiant sous le seuil journalier recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de 15 μg/m3. L’enjeu est de taille puisque les analyses des taux de pollution sur Paris mesurés par différents capteurs entre 2018 et 2023 montrent que les parisiens sont exposés environ 130 jours par an, soit plus d’un tiers de l’année, à un taux de particules fines PM2.5 supérieur à ce seuil.
Captures des particules fines extérieures
Au terme d’un an de test et de mesures, le Para-PM a démontré son efficacité. Concrètement, il s’agit d’un système de capture des particules en grands volumes dans des espaces ouverts ou semi-ouverts. Il repose sur un procédé d’ionisation et de filtration électrostatique breveté. Le développement de cet équipement a impliqué dix ans de recherche menée au Ballon de Paris Generali.
Les appareils ont donc été installés dans la cour à ciel ouvert de 330 m², entourée de murs de 12 m de haut. Ils ont été programmés pour fonctionner lorsque les élèves se trouvaient dans la cour, soit 2h15 par jour durant 125 jours. En parallèle, six capteurs de pollutions ont été installés par un laboratoire extérieur, pour suivre en temps réel la concentration en PM2.5 et PM10 : côté rue, pour connaître la pollution ambiante locale, et dans la cour pour mesurer l’efficacité du dispositif.

Para-PM double installés dans la cour de l’école Victoire du 9e arrondissement parisien © Aérophile
30 % de polluants en moins dans la cours
Les résultats de ce test en conditions réelles se sont avérés conformes aux simulations numériques. En sortie d’appareil, les équipes d'Aérophile ont pu constater une très forte chute des concentrations de particules fines et ultrafines (virus, etc.), à un niveau de - 95 % au moins, dès l’allumage. Dans l’air ambiant de la cour, l’efficacité varie en fonction de la position des personnes et du vent, mais la dépollution permise atteint les 30 % en moyenne par rapport aux capteurs installés dans la rue. « Les mesures d’innocuité ont également confirmé qu’il n’y avait aucun rejet d’ozone ou de composés organiques volatils (COV) », assurent Jérôme Giacomoni et Matthieu Gobbi, cofondateurs d’Aérophile. Enfin, chaque appareil ne consomme que 300 W.
L’aventure est bien en marche, puisque le dispositif doit être expérimenté à l’automne dans une station de métro cette fois.