L’agriculture, nouvelle star de la rénovation urbaine

Avec son potager en toiture, l’opéra-Bastille a offert un cadre idéal pour le lancement officiel du premier appel à projets de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) ciblé sur l’agriculture, le 24 janvier, devant un public de collectivités et de porteurs  de projets. Rendez-vous à l’automne, pour la révélation des premiers lauréats de la consultation ouverte jusqu’en 2022 dans les 450 sites du second programme national de rénovation urbaine (PNRU).

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Olivier Klein
"Les quartiers populaires peuvent servir d'exemple sur le thème du bien manger", estime Olivier Klein, président de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine.

Tout l’espoir suscité par la rencontre entre l’agriculture et les quartiers populaires tient dans l’envolée lyrique du maire franco-sénégalais de L’Ile-Saint-Denis Mohamed Gnabaly : « La rénovation urbaine s’est concentrée jusqu’ici sur la réparation des quartiers. Enfin, elle s’intéresse à la construction du monde de demain : une société de liens, et non pas de biens », s’est exclamé l’élu de Seine-Saint-Denis.

Quartiers exemplaires

En ouverture de la journée de présentation de l’appel à projets de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine sur l’agriculture urbaine, le 24 janvier à l’Opéra Bastille, son président Olivier Klein en a résumé l’intention dans des termes proches : « Tout ne s’arrête pas aux démolitions et reconstructions. Les quartiers populaires peuvent servir d’exemple aux autres sur les thèmes du bien manger et du vivre mieux, qui ne concernent pas que les bobos ».

Avec son double regard de vice-président des maires de France et de directeur de l’association Novaedia, opératrice d’une ferme urbaine à Stains, également en Seine-Saint-Denis, Mohamed Gnabaly concentre les deux cibles de l’appel à projets : soit les collectivités, soit les agriculteurs. « Mais dans les deux cas, les groupements incluront les collectivités, pour bien insérer les projets dans les programmes de rénovation », insiste le directeur général de l’Anru, Nicolas Grivel. 

Mohamed Gnabaly
Mohamed Gnabaly Mohamed Gnabaly

"Enfin, la rénovation urbaine s'intéresse à la construction du monde de demain", s'enthousiasme Mohamed Gnabaly, maire de  l'Ile Saint-Denis

Changement de braquet

Directrice de l’équipe de recherche conjointe d’Agroparitech et de l’Institut national de recherche agronomique consacré à l’agriculture urbaine, Christine Aubry salue le « changement de braquet » opéré par l’Anru, dans sa quête de « quartiers fertiles » : « Plutôt que de partir des territoires, il s’agit d’abord d’identifier des méthodes. Face à l’urgence, l’Anru a compris la nécessité de prendre du temps : certains projets sont prêts à démarrer, d’autres nécessitent un accompagnement ».

Autre signe de la mutation en cours, l’entrée du ministère de l’Agriculture dans la politique de la ville mettra-t-elle fin à « une planification duale », selon l’expression de Sylvie Rocq, membre du conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAER) au ministère de l’Agriculture ? Attendues pour la mi-février, les préconisations qui résulteront du rapport du CGAER pourraient ouvrir cette perspective prometteuse : « L’agriculture urbaine transgresse les silos », remarque Sylvie Rocq.

Boîte à outils

En attendant que le ministre des Collectivités locales Julien Denormandie révèle le montant de l’enveloppe allouée à l’appel à projets – annonce prévue pour le 5 février – l’Anru a profité de la journée du 24 janvier pour poser le cadre, au sein du programme Investissement d’avenir : outre l’agence, les financements mobiliseront le secrétariat général à l’investissement, la banque des territoires et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.

Sur le plan technique, les candidats à l’appel à projets s’appuieront sur une bible présentée aux participants de la journée du 24 janvier, sous le titre « L’agriculture urbaine dans les quartiers en renouvellement urbain ; boîte à outils du montage d’un projet ».

Plâtres parisiens

Pionnière française avec ses appels à projets des Parisculteurs, la ville de Paris a mis à profit son expérience d’essuyeur de plâtres, en formalisant sa propre boîte à outils : « Elle résulte d’un condensé de nos erreurs et de nos difficultés initiales, notamment dans les domaines du bâtiment et de l’urbanisme », résume Jacques-Olivier Bled, chef de projets.

Ce retour d’expérience conduit la ville à muscler l’accompagnement des "parisculteurs", avec le Centre scientifique et technique du bâtiment, l’association des toitures et façades végétalisées Adivet, Agroparistech et l’école d’horticulture du Breuil.

A l’échelle du Grand Paris, le programme Refuge – acronyme de Risque en fermes urbaines, gestion évaluation -, copiloté par l’Inra et Agroparistech, offre un autre éclairage technique sur la question des sols pollués : un « plan de maîtrise sanitaire », en cours d’édition, donnera aux collectivités déficitaires en ingénierie les pistes d’un accompagnement scientifique et technique, issues de l’étude de six micro-fermes.

Réinventer l’aménagement

La rencontre entre l’agriculture et la ville, dans les quartiers en rénovation, amènera les aménageurs à réinventer leurs missions : « Dans les zones tendues à densifier, ils recomposeront et accompagneront la requalification d’espaces délaissés. A l’inverse, dans les villes moyennes touchées par la vacance, leur intervention libérera le foncier jusqu’alors dédié au logement », pronostique Nicolas Grivel.

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Date de réponse 10/10/2025