L’agglomération de Strasbourg se met sur son 3D

L’Eurométropole prépare la nouvelle version de son très exhaustif système d’information géographique (SIG). Il a été façonné en 3D à partir de la photographie aérienne du territoire.

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Vue de OD@CIT, système d’information géographique 3D de l’Eurométropole de Strasbourg
L’outil mis au point permet de simuler l’insertion d’un nouveau projet dans son environnement, en y intégrant sa perspective.

La nouvelle photographie en trois dimensions de l’Eurométropole de Strasbourg (Bas-Rhin) sera prête d’ici à la fin de l’année. Le temps pour elle de transformer en données les photos aériennes qui seront réalisées cet été, et la métropole pourra actualiser et enrichir l’outil exceptionnel dont elle s’est dotée depuis quelques années : le système d’information géographique 3D qui couvre l’intégralité de son territoire de 340 km2 et 33 communes.

Celui-ci repose sur un « photomaillage » qui restitue le tissu de bâtiments, espaces verts, voiries, etc. parcourant toute l’agglomération, d’une façon parfaitement fidèle jusqu’à 20 mètres de hauteur environ (en dessous, la résolution de l’image génère des déformations). Le dispositif intègre le relevé exhaustif du territoire qui a été effectué en nuages de points Lidar à partir de 2015. « Un total de 105 000 photos aériennes, représentant 32 téraoctets de données, a été nécessaire pour produire le photomaillage », souligne Philippe Slisse, chef du projet SIG3D au service Géomatique et connaissance du territoire. Cette équipe met en œuvre l’initiative, au sein de la direction de l’urbanisme et des territoires de l’Eurométropole, après avoir été une pionnière de l’orthophotographie, l’« ancêtre » du photomaillage, à la fin des années 1990.

Ce qui aurait pu rester une suite de belles images est devenu un outil opérationnel pour la collectivité, mais aussi pour les acteurs de l’acte de construire (maîtrise d’œuvre, autres maîtres d’ouvrage dont les promoteurs) et un vecteur d’information pour le public : le service web3D, nommé « OD@CIT », permet « de consulter les données diffusées en open data (d’où le OD de son nom) dans la ville en 3D (CIT, pour la cité) grâce à la bibliothèque open source Cesium qui est complétée par des développements réalisés en interne », précise Philippe Slisse. « Nous avons cherché à rendre ainsi l’information la plus facile d’accès et la plus compréhensible au public, qui peut se repérer sur le territoire en tapant un nom de rue. La modélisation 3D se veut la plus réaliste possible, la précision de mesure étant de l’ordre de 20 centimètres ».

Lien avec le PLU

De quoi, par exemple, déterminer le plus exactement possible une hauteur de construction. Mais les applications sont nombreuses. Elles sont rendues multiples par le croisement avec les autres données de la collectivité, en premier lieu son plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) : à chaque bout de terrain de l’Eurométropole est associé sur l’écran son zonage avec rappel de la signification de celui-ci en matière de droit des sols et lien vers le règlement d’urbanisme de la zone considérée. OD@CIT permet aussi diverses simulations précieuses : insérer la perspective d’un programme immobilier pour imaginer son intégration dans son environnement, idem pour le mobilier urbain, la plantation d’arbres, etc. « On peut simuler l’ombre portée que générera un projet de construction », ajoute Philippe Slisse, en référence à une question souvent posée lors des réunions de concertation avec les riverains.

Vue de OD@CIT, système d’information géographique 3D de l’Eurométropole de Strasbourg
Vue de OD@CIT, système d’information géographique 3D de l’Eurométropole de Strasbourg Vue de OD@CIT, système d’information géographique 3D de l’Eurométropole de Strasbourg

Le système d’information croise les données avec celles du plan local d’urbanisme. © Eurométropole de Strasbourg

Né au début des années 2000, de la commande de montrer des projets en 3D de l’agglomération dans les salons immobiliers, le projet a ainsi débouché sur un système d’information dynamique et exhaustif… ou presque. « On peut estimer qu’on a aujourd’hui atteint 80 % des objectifs de connaissance du territoire au niveau de sa surface visible au sol », évalue Philippe Slisse. Pour arriver à 100 %, l’expert ingénieur mise sur le BIM/CIM (City information modeling) et les avancées de l’intelligence artificielle, notamment l’apprentissage automatique (« machine learning »)… Et sur un renouvellement réussi des générations au sein d’un service géomatique dont les « piliers » approchent de l’âge de la retraite.

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