Aujourd'hui, l'acoustique devient un sujet majeur pour le secteur du bâtiment, dans le neuf comme dans l'existant. Sur le plan réglementaire, les principales évolutions acoustiques datent de l'arrêté du 30 juin 1999 et concernent la construction de logements. Plus récemment, le décret du 25 avril 2003 encadre les bâtiments d'enseignement, les hôtels et résidences hôtelières ainsi que les établissements de santé, en particulier les hôpitaux et les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).
Des contrôles dans le neuf
Si les règles et les objectifs en vigueur figurent dans ces deux textes, d'autres documents ont précisé le cadre. Ainsi, suite à une étude révélant la non-conformité acoustique de la moitié des logements, l'arrêté du 27 novembre 2012 a rendu obligatoire dans le neuf l'attestation de prise en compte de l'acoustique dans les phases de conception et de réalisation, pour les logements collectifs et les logements individuels accolés. Cette attestation doit, pour les bâtiments de plus de 10 logements, être complétée par des mesures de contrôle et produite par le maître d'ouvrage à l'Administration. Loin d'apporter une révolution technique, cette mesure devrait, à terme, conduire à une meilleure sensibilisation des acteurs sur le sujet.
Une obligation en rénovation
La dernière évolution en date est issue du décret du 14 juin 2016, applicable depuis le 1er juillet 2017, qui marque le début de la réglementation sur l'existant. Le texte s'applique dans le cadre de rénovations importantes (travaux de rénovation énergétique globale, ravalement, toiture ou encore aménagement de bâtiments annexes) dans les zones exposées au bruit (proches d'axes routiers, aéroport. ..), pour les quatre types de bâtiments déjà visés par la réglementation acoustique : les logements, les hôtels, les établissements d'enseignement et ceux de soins.
L'isolation intérieure à parfaire
Si ces divers aspects réglementaires forment une base de travail allant dans le sens d'une meilleure prise en compte de l'acoustique, il ne couvre pas la totalité des cas de figure rencontrés, notamment l'isolation à l'intérieur d'un même bâtiment. « Lors de travaux de rénovation thermique, il serait profitable de s'adjoindre les conseils d'un acousticien pour a minima ne pas dégrader la situation existante et si possible l'améliorer », remarque Jean-Baptiste Chéné, responsable de la division acoustique au CSTB.
À l'intérieur des logements, « des solutions intéressantes et peu onéreuses sont proposées pour répondre au besoin de confort des usagers, mais sont encore insuffisamment mises en avant par les promoteurs et les entreprises », regrette Bruno Burger, chef de marché national du second œuvre et responsable du développement durable de Knauf Bâtiment.
Depuis la commercialisation des premières solutions de doublages minces dans les années 2000, le marché des produits acoustiques continue de s'étoffer. Les industriels poursuivent activement leurs activités en recherche et développement pour trouver des solutions efficaces, performantes en acoustique, en thermique et en feu, tout en étant optimisées en termes de légèreté, d'encombrement et de coût. Les gammes de plaques de plâtre acoustiques se sont diversifiées, avec des produits d'épaisseurs variables pour un gain de 3 à plus de 15 dB par rapport aux solutions standard.
Des pratiques à améliorer
Les industriels ont aussi imaginé des plaques contrecollées associant deux matériaux de densité et de dureté différentes, afin de masquer la fréquence critique (Fc) d'une plaque par rapport à l'autre et d'obtenir des niveaux d'isolement de plus de 60 dB.
Pourtant, « plus que les produits, ce sont les pratiques constructives qui obligent à imaginer l'acoustique autrement. Le fait que l'on réalise de plus en plus de bâtiments à ossature bois conduit à chercher des solutions différentes de celles traditionnellement utilisées dans le secteur du béton », note François Fourel, gérant du bureau d'études techniques Thermibel. Et de constater : « Le référencement et les outils d'aide à la conception sur le sujet en sont à leurs débuts. » Sur les chantiers, la mise en œuvre est facilitée par des solutions plus légères à performance égale, des montants standards servant d'ossature unique sur l'ensemble d'un chantier, des systèmes de cornières ponctuelles en plastique dotées d'une certaine souplesse… Mais la qualité de réalisation est régulièrement mise en cause dans les systèmes de sols flottants et d'isolation entre locaux ou en façade. Lors d'une rénovation énergétique, le renforcement de l'isolement vis-à-vis de l'extérieur amplifie la perception des bruits provenant de locaux voisins. Ce phénomène peut être très mal vécu par les occupants.
Ces problématiques ont récemment conduit la DHUP(1) à éditer un guide de bonnes pratiques pour le logement collectif neuf, afin de traiter tous les points singuliers et d'éviter les malfaçons.
Dernier point, un enjeu porte sur la qualification des monteurs. Si des qualifications techniques de type Qualibat intégrant des aspects acoustiques existent, elles ne couvrent pas l'intégralité du sujet et ne concernent encore que peu de personnes.
Pour Pascal Ozouf, chef de marché innovation et acoustique chez Placo, se pose également la question du manque à gagner pour les entreprises qui hésitent à envoyer leur personnel en formation, et de la pression exercée sur les chantiers où les délais et les coûts sont de plus en plus serrés.
1. Direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages.
