Crise énergétique, inflation, lutte contre le réchauffement climatique, tensions de recrutement, les points de vigilance ne manquent pas pour la filière de la construction métallique française. Et Roger Briand, le président de son syndicat professionnel, le SCMF, n'en a éludé aucun lors de son point de conjoncture du mardi 6 décembre.
« Malgré les difficultés d’approvisionnement des premiers mois [de 2022, ndlr], l’impossibilité de répercuter sur le prix de vente l’intégralité des hausses des matières premières, ainsi qu’un ralentissement des prises de décisions des maîtres d’ouvrage en cette fin d’exercice, 2022 restera une bonne année pour notre profession », a-t-il ainsi expliqué. Et de poursuivre : « Le chiffre d’affaires réalisé par le secteur est en progression (+ 19%), du fait des très fortes hausses des matières premières et en particulier l’acier (+ 140%) dans un marché national inflationniste. »

Le secteur de la construction métallique a produit 768 000 tonnes de composants, un montant équivalent à 2021, dont près de 60% ont été utilisés pour la construction de bâtiments industriels. Et la commande, tirée principalement par l'investissement privé et quelques grands projet publics (travaux du Grand-Paris, des jeux olympiques, requalifications de centres-ville) devrait se maintenir à un bon niveau début 2023. Ainsi les carnets affichent, en moyenne, 6 mois d’activité. Et même si l'horizon pour le second semestre demeure incertain, Roger Briand compte sur les nombreux dossiers en cours de consultation.
Le réemploi arme massive de décarbonation
Mais bien sûr ce sont les questions énergétiques et environnementales - sobriété, RE 2020, REP - qui compteront dans les mois et les années à venir. Un défi qui n'effraie pas Roger Briand. « Les constructeurs métalliques n’ont pas attendu l’application de la RE2020 pour s’engager en faveur d’une construction responsable et répondant aux enjeux environnementaux », a-t-il assuré.
Le président du SCMF a ainsi rappelé - comme souvent - que « l’acier est l’unique matériau de construction à pouvoir être recyclé à l’infini tout en conservant la totalité de ses performances », que « ses propriétés magnétiques facilitent grandement son tri » et que sa recyclabilité « contribue à la préservation des ressources naturelles, à l’optimisation du cycle de vie et à la vitalité de l’économie circulaire ».
Dans cet esprit, Roger Briand a insisté sur la facilité de "démontabilité" et de réemploi des éléments métalliques, permettant des économies de CO2. « Dans cette approche, la traçabilité du matériau et des éléments constitutifs est essentielle afin de définir ses réemplois futurs. Une banque de poutrelles, plaques, modules, peut ainsi être répertoriée selon les poids, tailles, capacités structurelles. C’est un marché de l’occasion qui verra prochainement le jour », a-t-il assuré.
Parfaite illustration de cette philosophie verte, Briand va utiliser pour la construction de sa prochaine usine aux Herbiers en 2023, 100 tonnes de poutrelle d’acier provenant de l’ossature des ex-halles Alstom de Nantes dont le démontage s’est achevé en début d’automne.
Acier bas carbone
Enfin, grande nouveauté dans le discours bien rôdé de Roger Briand : les progrès de la production moins carbonée de l'acier. « S’il est généralement avancé que la production d’1 kg d’acier émet 2 kg de CO2, le marché propose des aciers dont les FDES confirment des résultats bien plus performants. Ainsi, Xcarb, acier d’Arcelor, revendique seulement 0,3 kg de CO2 par Kg de construction métallique produite. Par ailleurs, soulignons que les récentes FDES du CTICM affichent également de belles performances », a-t-il assuré.
Autant d'éléments qui persuadent le président du SCMF que « l’objectif de 0,5 Kg d’émission CO2 voire moindre par Kg d’acier est un objectif atteignable. L'acier vert est en ligne de mire !»
« Faire connaître nos métiers »
"Les besoins en recrutement des constructeurs métalliques se chiffre à plus de 20.000 emplois sur les 4 ans à venir", a expliqué Roger Briand. "Le manque de formations pour ces métiers contraint d’ailleurs les entrepreneurs à concevoir des formations internes comme à multiplier les contrats d’alternance", a-t-il ajouté. C'est pour cela que la filière multiplie les initiatives comme la semaine nationale de journées portes ouvertes des constructeurs métalliques (10 au 15 octobre 2022). "Une opération séduction déployée pour la troisième année et qui s’est révélée à nouveau très appréciée des jeunes comme du corps enseignant", s'est réjoui Roger Briand.