« Les territoires de montagne n’attendent pas un retour de l’ultra-centralisme ». Dans l’entourage de Joël Giraud, secrétaire d’Etat chargé de la ruralité auprès de la ministre de la cohésion des territoires, cette conviction guide la phase de concertation en cours avant le lancement d’un plan très attendu. Le représentant du gouvernement a réaffirmé sa détermination et sa méthode ce 7 janvier lors de ses échanges avec Jeanine Dubié, présidente de l’association nationale des élus de montagne (Anem).
Double concertation
Ces derniers avaient longtemps compté sur un lancement du plan à l’occasion de leur congrès de Corte, réuni les15 et 16 octobre dernier. La gestation prolongée offre l’occasion d’une double concertation. A l’échelle nationale, les secrétaires d’Etat et ministres chargés de l’Ecologie, du Tourisme, de la Biodiversité, de la Ruralité et de la Cohésion des territoires recueillent les contributions jusqu’au 15 janvier. Parallèlement, chaque commissaire de massif canalise les demandes propres à son territoire, vallée par vallée.
Ce processus aboutira en juin à la présentation politique du plan destiné à se dérouler jusqu’en 2026, sur un modèle inspiré par les « Petites villes de demain » (PVD) : pilotage politique par Joël Giraud et Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires, et coordination technique par l’Agence nationale pour la cohésion des territoires (ANCT).
L’ingénierie d’abord
« Il s’agira d’abord d’un plan d’ingénierie », insiste l’entourage du secrétaire d’Etat. Conformément à l’esprit des lois Montagne de 1985 et 2016, conforté par l’ANCT, l’Etat entend « donner les moyens de faire ». Cette orientation se traduira par le financement de postes de gestion de projets, ce qui confirme l’analogie avec les PVD.
En revanche, le secrétaire d’Etat n’a pas encore tranché sur la place éventuelle des appels à manifestation d’intérêt. Joël Giraud veut empêcher les laissés pour compte engendrés par ce type de dispositif qui, trop souvent, bénéficie aux collectivités déjà rompues à l’exercice.
Réchauffer les lits
Autour du thème central d'un tourisme adapté au changement climatique et aux nouveaux usages, les meilleurs moyens de tiédir les lits froids hérités de la fin du XXème siècle figurent parmi les questions en suspens. L’échec des incitations tentées jusqu’ici pour réveiller des copropriétés atomisées et vieillissantes doit-il inspirer des méthodes plus coercitives ? L’heure est d’avantage à l’approfondissement des pistes fiscales, à la mobilisation des certificats d’économie d’énergie, voire à l’exploration de nouveaux dispositifs de finance environnementale dédiés à l’adaptation au changement climatique.
Pour soutenir les investissements, l’adossement du plan montagne à un fonds dédié à la résilience touristique figure parmi les pistes en cours d’étude au secrétariat d’Etat à la ruralité. Les sources pressenties proviendraient des plans de relance français et européens