Belle prise pour Réalités. Le développeur immobilier a convaincu Jean Rottner, poids lourd de la politique dans le Grand Est, de prendre les commandes, l’été prochain, de sa nouvelle direction régionale, dans le Grand Est. « La rencontre entre Jean Rottner et Réalités, entreprise à mission, est apparue comme une évidence. L’un comme l’autre partagent le même sens de l’intérêt général, la vocation d’être utiles aux territoires et à leurs habitants », explique son nouvel employeur, le 30 décembre.
Cette communication intervient alors que le poste de président de la Région Grand Est est vacant depuis le 20 décembre, à la suite d’une annonce qui avait surpris les élus régionaux : le retrait de la vie publique de Jean Rottner pour « impératifs familiaux ». Sa démission du Conseil régional est effective depuis le 30 décembre. L’élection par les conseillers régionaux de son successeur est prévue le 13 janvier. Il était également président de la Fédération nationale des agences d’urbanisme (FNAU).
Les critiques pleuvent
La décision de l’ancien maire LR de Mulhouse (2010-17) de renoncer à ses mandats en cours pour rebondir dans le privé, en particulier dans une profession de « développeur territorial », en lien étroit avec les élus signataires des permis de construire, donne du grain à moudre à ses (anciens) opposants politiques.
« Cette annonce vient un peu vite, ce qui laisse penser que c’était déjà conclu depuis un certain temps », réagit Eliane Romani, cheffe de file du groupe écologiste dans le Grand Est. Jean Rottner « utilise le réseau qu’il a acquis dans ses fonctions publiques pour aller servir une organisation privée qui a des rapports avec les collectivités, c’est une définition du pantouflage », complète-t-elle.
« Il part avec une quantité de données territoriales importante », s’inquiète de son côté Christophe Choserot (Renaissance), membre du groupe centriste et maire de Maxéville (Meurthe-et-Moselle). « On était en pleine révision du Sraddet [schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires, NDLR], il sait exactement quelles vont être les modifications de ce schéma, quels sont les atouts et les difficultés des territoires, ce n'est pas rien », poursuit-il.
Et Jean Rottner de se défendre : « La prise d’une telle position ne se fait pas sans l’accord de la HATVP (Haute autorité pour la transparence de la vie publique). » Dans son avis favorable « avec réserve », daté du 6 septembre et rendu public le 30 décembre, la HATVP explique qu’elle ne dispose pas d’éléments « de nature à faire douter du respect, par l’intéressé, de l’exigence de prévention des conflits d’intérêts ». Elle l’invite à « s’abstenir, dans le cadre de son activité privée, d’accomplir toute démarche auprès des élus et des agents de la région Grand Est ».
Cap vers l’est
Qu’importe pour Réalités, qui souhaite continuer de tisser sa toile vers l’est du pays. Outre les Pays de la Loire, son fief, le groupe coté est présent en Bretagne, dans le Centre-Val de Loire, en Nouvelle-Aquitaine ou encore dans les Hauts-de-France. En Ile-de-France, le constructeur de logements collectifs et de quartiers mixtes est notamment chargé de rénover le stade de football du Red Star à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), avec les agences d’architectes SCAU et Clément Blanchet. Le partenaire officiel du club de 3e division française est également implanté au Portugal, au Maroc et au Sénégal. Son chiffre d’affaires 2021 s’est élevé à 286 M€.