Dans une Lettre adressée aux artistes en avril 1999, Jean-Paul II écrivait : "L’Eglise a besoin d’architectes, parce qu’il lui faut des espaces pour rassembler le peuple chrétien et pour célébrer les mystères du salut. Après les terribles destructions de la dernière guerre mondiale et avec la croissance des métropoles, une nouvelle génération d’architectes s’est formée autour des nécessités du culte chrétien, prouvant ainsi la puissance d’inspiration du thème religieux même au regard des canons architecturaux de notre temps. Souvent, en effet, on a construit des églises qui sont des lieux de prière et, en même temps, d’authentiques oeuvres d’art".
Jean-Paul II insistait donc sur le rôle de l’architecture après le pontificat de Paul VI durant lequel l'Eglise avait choisi d'édifier des lieux de culte plutôt discrets. « Ces bâtiments voulait signifier la présence du Christ au coeur du monde, plutôt que la force de l'Eglise », explique Jean Spiri dans « Tradition et Modernité de l’architecture religieuse. « Ce souci d'effacement, pour mieux se concentrer sur le coeur de la liturgie chrétienne et sur l'assemblée, allait de pair avec une polyvalence des espaces, dans l'esprit des « Maisons-églises » des premiers chrétiens ».
Avec Jean-Paul II, l'Eglise choisit de rompre avec cette conception et opta pour une architecture plus monumentale, alliant des recherches formelles fortes avec une adaptation à la liturgie post-conciliaire. Les exemples d'Evry et de Notre-Dame de l'Arche d'Alliance (voir les encadrés) montrent bien cette volonté de proclamer la présence du Christ dans le monde contemporain, ce qui n'exclut pas l'effort porté sur l'assemblée et la méditation.
Thierry Devige-Stewart
