"Dans mon département, en Aveyron, nous l’appelions le Grand Jacques. Lorsqu’il était ministre de l’Agriculture (de 1972 à 1974, ndlr), Jacques Chirac était venu inaugurer le marché aux bestiaux de Laissac, mon chef-lieu de canton, un des plus grands marchés bovins de France. Il venait en voisin, la Corrèze et l’Aveyron étant très proches.
Beaucoup plus tard, Jacques Chirac est élu président de la République. Je suis alors très impliqué à la Capeb. Le 21 avril 1997, je suis reçu avec d’autres élus par le ministre du Commerce et de l’Artisanat Jean-Pierre Raffarin, pour défendre l’idée d’un mécanisme de reconnaissance des savoir-faire de l’artisanat proche de ce qui existe en agriculture avec les AOC. Nous patientons, puis le ministre vient nous accueillir. Un huissier lui apporte un fax, et le ministre tombe des nues : le président venait de dissoudre l’Assemblée nationale. Notre entretien n’a pas duré très longtemps."
La cohabitation s’installe, et je suis élu président de la Capeb en avril 2001. Nous tenions très peu de temps après nos premières Journées de la construction. Le premier ministre PS Lionel Jospin y participait le matin, et le président de la République l’après-midi. C’était une première pour notre organisation d’accueillir le président, et ça ne s’est d’ailleurs pas renouvelé depuis. Il était impressionnant, mais très abordable, et nous encourageait à ne pas avoir peur.

Durant l’échange à la tribune, j’ai eu le sentiment qu’il nous comprenait – même si je ne pourrais dire ce qu’il ressentait. Les représentants de la Capeb Corrèze avaient, durant mon intervention puis durant la sienne, déroulé une banderole à la gloire de leur département, et Jacques Chirac est ensuite allé immédiatement les saluer. En cette année 2001, je l’ai revu à deux reprises, une fois pour un débat organisé à Rodez par le président du conseil général de l’Aveyron Jean Puech et une fois à Angers, lors d’un colloque des Familles rurales.
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Il a été réélu en 2002. Il n’a pas été, durant son quinquennat, un adversaire de l’artisanat, mais pas non plus un soutien évident. Les grandes entreprises de notre secteur pèsent toujours beaucoup auprès des politiques, et beaucoup accueillent l’artisanat avec de l’empathie, parfois de la condescendance et quelques souvenirs d’enfance sur le grand-oncle menuisier, mais ce n’est pas pour autant qu’on nous aide ! Le président Chirac était gardien des grands équilibres, et nous avons essayé de les déplacer en notre faveur."