Agé de 42 ans, Jean-François Ott est le président d'Orco, un des principaux promoteurs et investisseurs immobiliers d'Europe Centrale et de l'Est. Candidat avec l'architecte Daniel Libeskind pour le projet de la Tour Signal de la Défense, Orco arrive sur le marché hexagonal avec de grandes ambitions.
Comment avez-vous créé Orco Property Group ?
Je travaillais à la Bourse depuis 1987 lorsque j'ai créé Orco en 1991. J'avais alors l'intime conviction que l'Europe Centrale et de l'Est était un marché porteur, mais sans plus de certitudes. Nous avons commencé par une activité d'investisseur à Prague dans l'immobilier haut de gamme pour les expatriés, puis, nous avons étendu nos activités à la Hongrie, l'Allemagne, la Russie, la Croatie, la Pologne et récemment la Slovaquie.
Après plus de quinze ans à l'Est, vous revenez en France pour le concours d'investisseur-architecte de Tour Signal de la Défense. Pourquoi ?
Nous sommes l'un des dix-huit candidats, avec l'Américain Daniel Libeskind, qui a déjà réalisé plusieurs projets pour nous, notamment la Zlota 44 à Varsovie, une tour de logements de 192 mètres dont l'achèvement est prévu pour 2010. Il s'agit d'un des projets les plus innovants en Pologne en raison des technologies écologiques et de son design spectaculaire.
Quelles sont vos ambitions en France ?
J'ai le sentiment qu'un changement peut avoir lieu dans l'immobilier hexagonal en ce moment, en particulier depuis l'arrivée d'une nouvelle équipe au pouvoir. En fait nous revenons pour le projet du grand "Grand Paris". Nous croyons qu'à cette occasion se réalisera une redistribution des cartes dans le monde des promoteurs parisiens. Cette nouvelle période correspondra également à de nouvelles pratiques. Nous voulons ainsi introduire en France notre savoir-faire acquis en Europe centrale, en ayant une discussion très ouverte avec les collectivités locales. Nous souhaitons leur proposer des projets d'aménagements urbains clés en main, qui comporteraient aussi bien de l'immobilier résidentiel, des bureaux et des commerces que des écoles, des cliniques, des universités dont nous resterions propriétaires et dont nous confierions l'exploitation.
Une sorte de partenariat public-privé (PPP) ?
En l'occurrence, ce serait plutôt une sorte de partenariat privé-privé, car nous restons propriétaire de l'ensemble. Mais cela permettrait en effet de régler les problèmes budgétaires des collectivités locales, comme en Europe de l'Est.
Quelle est votre position sur le débat des tours à Paris ?
Les pouvoirs publics ne doivent pas écouter les sondages défavorables. Il faut laisser sa chance à l'initiative entrepreneuriale, comme l'on fait les Polonais avec la tour Zlota à Varsovie. Mais le débat des tours à Paris pose également celui du logement et des zones inoccupées dans la capitale. A-t-on par exemple encore besoin de quatre hippodromes - Longchamp, Auteuil, Saint-Cloud et Vincennes - à proximité immédiate de Paris. Ainsi, pour certains d'entre eux, ne pourrait-on pas remplacer les tribunes par des tours de logements de même hauteur et faire de la piste des espaces verts.
Propos recueillis par Hugues Boulet
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