Comment les artisans du bâtiment traversent-ils la situation actuelle autour des hausses et des tensions d'approvisionnement ?
Nous faisons face à des hausses intervenant dans des délais extrêmement courts, et des prix valables 48 heures. Dans les territoires, on assiste à une crise majeure, autour des prix, des délais et des tensions d'approvisionnement. Certains industriels ferment quelques lignes de production, d'autres font courir des bruits. Toujours est-il que les artisans ne sont pas tous armés pour faire face à de telles hausses et à une telle volatilité !
Que conseillez-vous aux artisans ?
Je leur conseille avant tout de rester très vigilants sur les délais de validité de leurs devis. D'une manière générale, et surtout avec les particuliers, je les invite aussi à nouer très tôt une discussion de confiance avec leurs clients. Il faut les alerter sur les risques de hausse, et expliquer en amont pourquoi l'entreprise devra, face à une hausse, soit augmenter le devis, soit annuler le chantier. C'est aussi l'occasion pour l'artisanat de retravailler ses marges, ses coûts de revient et sa rentabilité. Notre valeur tient à nos compétences, et donc à la main-d'oeuvre. Nous aurons sans cesse des crises, à nous de nous réinventer pour faire porter la marge davantage sur la main-d'oeuvre.
Qu'attendez-vous des Pouvoirs publics ?
Notre demande d'une aide spécifique pour le bâtiment sur le prix des carburants n'a pour l'heure pas été entendue. Nous souhaitons par ailleurs que les industriels soient davantage parties prenantes des discussions de la filière, pour que le dialogue soit vertueux.
Mais surtout, nous demandons une fois encore que la TVA à 5,5 % porte sur l'ensemble des travaux de rénovation, et pas seulement sur la rénovation énergétique. C'est une demande ancienne, mais qui prend une dimension nouvelle. Si nos devis augmentent de 15, 20 ou 30 %, l'activité sera freinée. Or, nous avons dépensé beaucoup d'énergie en 2021 pour trouver de nouvelles compétences dans nos entreprises, et certains artisans craignent déjà de devoir se séparer de ces salariés, faute d'une rentabilité suffisante des chantiers. Baisser la TVA nous aiderait à maintenir le niveau d'activité et à conserver les compétences si durement acquises !