Une partie des risques naturels est liée à l’activité humaine : comme le niveau croissant des crues, les changements de tracés des rives des cours d’eau, l’évolution du niveau du lit par dépôt de sédiments, le charriage des déchets. Il faut y ajouter les risques naturels fondamentaux – vents extrêmes et séismes – auxquels sont également sensibles les ouvrages d’art. En Haïti, le climat représente une somme de risques particuliers en situation tropicale humide, avec la présence de sel dans l’air, le taux d’humidité permanent, la puissance des développements bactériologiques et du rayonnement solaire. La pérennité inclut le rapport à l’environnement de façon directe et indirecte. La performance des ouvrages liée à la pérennité et à une recherche d’une ingénierie non pathogène est l’un des premiers facteurs de sensibilité du bilan environnemental. L’intégration d’une très grande quantité de travail pour limiter l’utilisation de la matière en libérant les contraintes locales agit de façon exponentielle sur l’environnement, car elle réduit l’énergie grise mais aussi le transport, le levage et les fondations.
Ainsi, les techniques constructives importées peuvent se révéler peu ou mal adaptées. Si on analyse, par exemple, un système constructif importé en Haïti pour vérifier s’il est parasismique, on constate que ce n’est pas la méthode constructive (ou très rarement) qui est parasismique mais la réalisation. Dans le cas observé, le béton est projeté sur un isolant et une armature posée sur l’isolant. On remarque que la simple dépendancevis-à-vis de la qualité du béton détruit toute possibilité de caractère parasismique. De plus, le système est dépendant vis-à-vis du calcul, donc il y a persistance du risque en Haïti. La surface n’est pas finie, or avec l’humidité et le développement bactériologique, c’est un problème majeur pour l’évolution du mur et de sa résistance. En fait, le système est parasismique s’il est bien réalisé avec un béton de bonne qualité (comme tous les systèmes constructifs). Mais ce système est vraiment intéressant s’il est utilisé avec la terre – terre projetée au Chili, torchis en Haïti. Le caractère parasismique réside alors dans l’ossature. Quand il y a séisme, la terre tombe en fragments, moins dangereux.
Avec un peu de recul, on peut affirmer que tout système qui est élitiste en Haïti est d’un certain point de vue irresponsable. Et pour le moment, le béton en quantité est irresponsable.