Le recours à l'isolation thermique par l'extérieur (ITE) va croissant dans le neuf comme en rénovation. Avec ce développement, de nouvelles questions d'ordre technique se posent, questions auxquelles il vaut mieux répondre pour éviter les déceptions. Déceptions qui ne sont pas nécessairement liées aux performances thermiques des systèmes qui satisfont généralement aux attentes sur ce plan. Mais il n'est pas rare qu'un système d'ITE mis en place sur un immeuble comportant plusieurs étages dégrade l'acoustique entre les appartements ou les étages. Car les bonnes solutions thermiques n'améliorent pas forcément l'acoustique, c'est parfois même le contraire. Ainsi, une isolation extérieure, appliquée sur les parois verticales, peut amplifier la transmission du bruit entre locaux, superposés ou adjacents, par les parois ou les planchers. De fait, l'absence de doublage thermo-acoustique intérieur renforce les transmissions acoustiques latérales, ce qui peut déboucher, en fonction de la nature et de l'épaisseur de la façade et du refend, sur l'émergence de non-conformités réglementaires. Ce ne sont pas les bruits d'impacts qui sont en cause - leur isolement pouvant être obtenu avec un revêtement de sol performant - mais bien les bruits aériens transmis pas les parois ou les planchers.
Choix du mode constructif
Pour y remédier, il n'y a pas de solution miracle ou de recette type, chaque opération présentant ses propres spécificités. C'est bien sûr plus simple dans le neuf où cette problématique peut être intégrée dès la phase de conception de l'opération. Ainsi, dans le neuf, les transmissions peuvent être limitées par le choix du mode constructif. Si l'on prend les solutions béton, qui sont encore aujourd'hui les plus courantes dans la construction de logements collectifs, la solution dalle flottante sur sous-couche acoustique (dalle BA18), voile béton en façade (BA15), isolation extérieure (PSE) et refend (BA18) affiche de meilleures performances qu'une solution dalle poutrelles plus hourdis (8+13+5) avec façade en blocs creux (épaisseur 20 cm), isolation extérieure (PSE) et refend en blocs à bancher (de 20 cm).
Dans le premier cas, l'usage d'une dalle flottante présente de nombreux avantages, tant sur le plan thermique qu'acoustique. Outre une meilleure inertie thermique de la partie supérieure de la dalle, elle limite les échanges thermiques d'un étage à l'autre, ainsi que le pont thermique de la dalle. De même, elle offre la possibilité d'un chauffage (rafraîchissement) par le sol. Sur le plan acoustique, les mesures* montrent que l'isolement aux bruits aériens dépasse les exigences réglementaires, tant à l'horizontale qu'à la verticale, et autorise, par exemple, des superpositions de pièces principales de locaux d'habitation et de garage. Cette option obtient également de bons résultats d'isolement aux bruits d'impacts. Résultats obtenus indépendamment du revêtement de sol, ce qui confère une liberté appréciable à l'occupant.
Systèmes minces
En revanche, avec la solution poutrelles hourdis et blocs creux, les mesures montrent que l'isolement aux bruits aériens est conforme aux exigences réglementaires à l'horizontale, mais qu'il ne l'est pas à la verticale. Pour cette raison, cette disposition constructive est à réserver aux « maisons en bande » ou à étudier en détail en fonction des dimensions et dispositions des pièces en prévoyant, par exemple, une superposition des pièces de services et non des pièces principales ou en suspendant un faux-plafond qu'il conviendra de dimensionner en conséquence. Autre option : l'adjonction d'une dalle flottante sous-couche acoustique au système poutrelles hourdis. Dans ce cas, l'isolement aux bruits aériens est réglementaire dans tous les cas, à l'horizontale et à la verticale.
Dans l'ancien, lors d'opérations de rénovation avec mise place d'une ITE, les solutions acoustiques, si besoin est, passent nécessairement par l'intérieur. Il peut être utile comme précédemment de mettre en place un faux-plafond pour l'isolement à la verticale. Pour l'isolement des parois, la mise en oeuvre d'un isolant souple thermo-acoustique est probablement la meilleure des solutions. Il existe d'ailleurs des systèmes minces spécifiques, plaque de plâtre + isolant, en plafond ou en parois pour ce type de problématique acoustique.
* Source : Collection technique Cimbéton, Confort acoustique