Isolation par l’extérieur d’un immeuble haussmannien

Un nouveau procédé d’isolation par l’extérieur avec finition par enduit traditionnel permet de répondre aux exigences actuelles d’isolation d’un immeuble parisien tout en respectant son architecture.

Les immeubles de type haussmannien, construits entre 1840 et 1920, représentent une part importante du parc immobilier parisien. Ni la pierre de taille de la façade sur rue, ni la brique et la chaux de la façade sur cour n’offrent une isolation efficace à ces bâtiments. Pour des raisons évidentes de préservation du patrimoine, l’isolation par l’extérieur était jusqu’alors exclue. Quant à l’isolation par l’intérieur, elle entraîne une perte de surface habitable et est difficilement compatible avec une rénovation en site occupé.

Marier protection thermique et finition traditionnelle plâtre et chaux

Un immeuble haussmannien du 13e arrondissement de la Capitale, construit en 1899, fait actuellement l’objet d’une isolation par l’extérieur grâce à l’utilisation d’une nouvelle technique, le système Isothentic mis au point et breveté par l’entreprise de ravalement Peinteco, qui marie protection thermique efficace et finition traditionnelle plâtre et chaux.

La ville de Paris a acquis ce bâtiment il y a trois ans et en a confié la réhabilitation et la gestion à Paris Habitat-OPH. Le cabinet d’architecture "Les Particules" a été choisi pour conduire l’ensemble des importants travaux réalisés sur cet immeuble à caractère social abritant 35 logements, dont 31 occupés.

La façade sur rue, en pierre de taille avec des éléments de modénature et des ferronneries ouvragées, a été ravalée récemment et ne nécessitait pas d’intervention. Les façades sur cour, revêtues d’un enduit plâtre et chaux peint à la pliolite, étaient en revanche très dégradées et nécessitaient un ravalement.

Le maître d’ouvrage ne cherchait pas à atteindre les objectifs du plan climat de la Ville de Paris qui aurait nécessité des travaux lourds à l’intérieur des logements en majorité occupés.

Toutefois, le ravalement de la façade sur cour et du pignon représentant une part importante du projet de réhabilitation, il a demandé que les travaux contribuent à l’amélioration du confort thermique du bâtiment.

Le cahier des charges du ravalement exigeait donc une technique qui assure une isolation par l’extérieur tout en permettant les échanges gazeux dans les maçonneries de façade, et permette l’application d’un enduit de finition plâtre et chaux traditionnel. Enfin, il fallait restituer les modénatures d’origine. Les architectes Gérard Fery et Baptiste Coulon ont retenu le système Isothentic car " ce procédé permet d’apporter une amélioration significative du confort thermique et des économies d’énergie, tout en respectant les caractéristiques de l’architecture haussmannienne". Le procédé consiste à projeter sur les murs anciens, profondément piochés et réparés, la mousse isolante Icynene, puis à reconstituer à l’identique une nouvelle façade "plâtre et chaux". Projeté liquide, cet isolant "respirant" adhère à la paroi, pénètre dans tous les interstices de la maçonnerie puis se transforme instantanément en une mousse souple, supprimant les ponts thermiques et les fuites d’air. Ce plastique alvéolaire est constitué sur site à partir de deux composants : la résine polymère en phase aqueuse et un agent d’expansion.

Nombreuses étapes

« Si le principe paraît simple, la mise en œuvre est plus complexe et comporte de nombreuses étapes », remarque Philippe Boulay, directeur général délégué de l’entreprise Peinteco. Il s’agit d’abord de piocher les enduits en place, de vérifier les fonds et de les remettre en état, avant de mettre en place une armature métallique type "Poutrafil" (Beckaert). Puis sont projetés 12 cm de mousse isolante Icynene assurant l’isolation thermique et les échanges gazeux de la façade. L’isolant est ensuite recouvert d’un pare-pluie et d’un treillis galvanisé avec écran cartonné absorbant type "Stucanet" qui sert de support à l’enduit traditionnel mis en œuvre suivant le DTU 26-1 (travaux d’enduits de mortiers) : un corps d’enduit de 2 à 2,5 cm d’épaisseur et l'enduit de finition plâtre de Montmorency teinté dans la masse. Les bandeaux et frontons ainsi que les appuis de fenêtre sont réalisés en éléments préfabriqués.

La réalisation des 715 m² de façade devrait s’achever en avril, après cinq mois de travaux pour une équipe de six compagnons.

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