Installation technique Des armoires électriques toujours plus pratiques

Le tableau électrique, centre nerveux de l’énergie, centralise la sécurité électrique dans l’habitat. La normalisation lui impose de nouvelles responsabilités et les constructeurs rivalisent d’innovations pour faciliter sa mise en œuvre.

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Le tableau électrique évolue avec les nouveaux textes réglementaires et normatifs et grâce aux efforts des industriels pour offrir de plus en plus de fonctions, des protections plus fines et sélectives, des modes de pose plus pratiques et garantir l’évolutivité.

Destiné à regrouper toutes les protections sur un même support au lieu de les disséminer dans les locaux à proximité des appareils consommateurs d’électricité, le tableau électrique s’est généralisé dans les logements en 1955, avec l’apparition du tarif bleu d’EDF et la généralisation du 220 V. Il regroupait déjà le disjoncteur de branchement d’abonné – celui-ci a fait son apparition avec la première NF C15-100 qui consacrait la séparation du point de livraison EDF et de l’installation privée – et tous les fusibles enfichés sur des embases coupe-circuit en porcelaine. Ce type de système est toujours sous tension dans de nombreuses constructions antérieures à la normalisation en 1968 des tableaux d’abonnés et l’invention en 1970 par Hager du premier coupe-circuit rotatif modulaire. C’est à cette époque que sont nées les armoires que nous connaissons aujourd’hui.

La norme élargit les tableaux. La dernière mouture de la norme NF C 15-100, qui régit toutes les installations électriques à basse tension, date de novembre 2002 et est d’application obligatoire depuis juin 2003 pour les permis de construire postérieurs à cette date.

Introduisant de nouvelles obligations de protection (notamment plusieurs types de différentiels et des parafoudres pour certaines régions françaises) et la possibilité de réaliser les circuits avec des câbles conducteurs de section de 1,5 mm2 (au lieu des 2,5 mm2 précédemment obligatoires et qui deviennent donc facultatifs), elle a mécaniquement fait augmenter la taille des armoires. Il a d’abord fallu trouver de la place pour les nouveaux équipements mais aussi pour les protections des nouveaux circuits créés par l’utilisation du 1,5 mm2. En effet quand un circuit en 2,5 mm2 peut alimenter 8 points de connexion, en 1,5 mm2 ce nombre tombe à 5. Mais tout le monde semble trouver son compte dans cette possibilité : constructeurs et distributeurs vendent plus, les installateurs posent plus facilement prises de courant et interrupteurs. Ces derniers estiment toutefois qu’il leur est difficile de répercuter l’augmentation financière de ces nouvelles possibilités et obligations globalement estimées à 10 % de la valeur du tableau électrique.

Conséquence directe et visible de la nouvelle NF C 15-100, l’agrandissement des tableaux se fait dans le sens de la largeur puisque la norme prévoit une hauteur minimale et maximale (entre 1 m et 1,80 m du sol) pour l’implantation des composants des tableaux. Elle prévoit aussi de réserver un espace libre de 20 % permettant les extensions futures. Tous les industriels reconnaissent cette tendance de fond : le marché est en train de s’orienter progressivement vers 3 ou 4 rangées de 18 modules au lieu des 13 modules précédents. Ils ont tous adapté leurs offres à cette nouvelle donne tout en rénovant aussi « l’ancienne largeur » qui restera sans doute le produit le plus vendu notamment dans la rénovation, pour les logements de confort moyen et le logement social.

Gaine technique logement : serpent de mer ? En 1995, un additif à la NF C 15-100 a imposé la gaine technique logement (GTL) pour résoudre les problèmes de cheminement des réseaux d’électricité, de télécom et de vidéocommunication. Elle regroupe les tableaux de commande, de protection et de répartition des circuits de puissance (disjoncteur de branchement, tableaux des disjoncteurs et des fusibles, etc.) ; les arrivées de téléphone, de TV câblée, de circuits de communication, etc. ; les arrivées d’antennes, les amplis…

« Il a fallu définir les emplacements de chacun, tenir compte du compteur électronique, analyser les risques de perturbations électromagnétiques, permettre les diverses extensions possibles de la manière la plus aisée et faciliter les interventions en toute sécurité », rappelle Thierry Buchin, ingénieur à l’UTE et secrétaire du comité de révision de la NF C 15-100. Ce travail a été élaboré dans le cadre du guide UTE C 15-900.

Le tableau d’abonné doit s’intégrer dans la gaine technique logement. Mais la norme n’a pas imposé un type de matériel et la mise en œuvre de la GTL reste très variable. Malgré les efforts des constructeurs de matériel électrique qui ont pour la plupart une offre GTL à leur catalogue, elle reste majoritairement réalisée en maçonnerie. Philippe Lemarotel, chef de marché installation et distribution électrique chez Hager, constate « une forte progression de notre offre GTL réalisée avec nos goulottes Gamma ». C’est bien un des seuls, son homologue chez ABB, Maxime Mazel déclarant : « Ce n’est rien par rapport à ce que nous imaginions. »

Des offres plus pratiques pour l’installateur. Trois industriels représentent 75 % du marché français : Hager, Legrand et Schneider Electric (sous la marque Merlin Gerin). Le reste est aux mains des offres de challengers souvent plus forts sur d’autres marchés que nos trois champions hexagonaux : ABB, General Electric, Gewiss, Moeller et Siemens rivalisent pour séduire l’installateur à l’aide d’innovations pratiques et aussi de politiques tarifaires « ajustées ».

C’est ainsi que Moeller pérennise avec sa nouvelle gamme Xpole le concept de repérage via des manettes colorées selon l’ampérage, un système inventé par Felten & Guilleaume, marque autrichienne reprise par Moeller. General Electric, dont l’offre modulaire Elfa a été entièrement renouvelée en 2001, propose un châssis de montage amovible sur ses armoires/coffrets destinés au résidentiel avec à la clé un gain de temps pour le montage. GE offre aussi un câblage des modules par le haut ou par le bas s’adaptant ainsi aux habitudes françaises mais en respectant aussi les autres : « Nous avons un œil plus mondial que français », souligne Pierre Ducarme, Field product manager produits modulaires chez GE. ABB met l’accent sur plus de souplesse d’installation avec son système de cavaliers de répartition plutôt que sur l’introduction de bornes à ressort. C’est un des derniers fabricants à ne pas avoir franchi ce pas bien qu’ayant été le premier à le faire dans le domaine industriel. Le cavalier de répartition accélère et rend plus souple, y compris avec des appareils d’autres marques, la connexion entre les interrupteurs différentiels et les disjoncteurs divisionnaires qui en dépendent.

Mais pour les challengers le marché est difficile à pénétrer, notamment en raison des positions défendues auprès de la distribution professionnelle. Christophe Granger, chef de marché basse tension chez Siemens, explique : « Nous sommes en phase transitoire et nous nous positionnons sur le résidentiel dès septembre 2005. Nous serons présents au travers du réseau CGED (groupe Sonepar) et auprès de distributeurs indépendants. » De son côté, Pierre Ducarme, GE, estime que les challengers sont « tolérés par les grands groupes de distribution ».

Panacher deux types de raccordements. Les trois leaders ne sont pas en reste côté innovation. Ils ont tous renouvelé leur offre. Le modulaire Sanvis de Hager permet des connexions avec ou sans vis au choix : les deux systèmes étant présents sur l’appareillage. Lexic de Legrand fait de même avec un avantage : celui de pouvoir dans une même armoire panacher les deux types de raccordements. Legrand innove aussi avec un système de peignes de raccordement vertical permettant de connecter plusieurs rangées.

La tentation du système propriétaire. Et Schneider Electric ? Avec le lancement au printemps 2004 de l’offre Duoline, Schneider Electric rompait – en partie seulement puisque la technologie peignable reste au catalogue – avec le standard de l’enfichable sur rail Din. L’idée est séduisante car les appareillages Dclic XE viennent s’embrocher sur un rail alimenté électriquement et fixé au fond de l’armoire. Le gain de temps à la pose est important et la sécurité (plus de raccordements individuels ou par peignes) est augmentée. Mais la compatibilité avec les autres marques n’est plus assurée et il s’agit donc d’un système propriétaire. Schneider a d’ailleurs réagi en mettant sur le marché un an plus tard un module R’clic XE, interface de compatibilité entre appareillage embrochable (technologie Schneider Electric) et peignable (tous les autres constructeurs).

Le choix est donc vaste. Les matériels mis sur le marché français doivent tous répondre aux normes édictées par l’UTE. Cependant, certains présentent des performances supérieures à la norme. Le choix des produits est donc essentiellement lié à la facilité d’approvisionnement (avantage aux trois leaders), à un éventuel positionnement tarifaire agressif ou encore à une caractéristique de pose performante mais « exclusive » à une marque.

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