Comment les solutions vertes préviennent les inondations

La preuve par l’exemple a conclu la 39ème « Arborencontre » du Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) de la Seine-et-Marne. Hôte de l’événement du 17 juin consacré au rôle des arbres et arbustes dans la lutte contre le ruissellement et les inondations, le village de Coupvray est resté au sec, pendant les crues qui ont ravagé ses voisines, à l’automne dernier.

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bassin inondation coupvray
Une zone humide de six hectares, aménagée et gérée par Val d'Europe Agglomération, protège Coupvray des inondations.

A Coupvray (Seine-et-Marne), la protection des inondations découle d’un paysage mouvant. « Si vous reveniez dans un an, vous trouveriez une répartition des espaces radicalement différente », expose Noureddine Fkihi, directeur de Confluences Ingénieur conseil. Délégataire de la gestion des six hectares où convergent les eaux pluviales du principal bassin versant de la commune, ce bureau d’études y déploie sa triple compétence en hydraulique, en écologie et en agronomie.

Le héron, vigie de la lagune

Le plan de gestion mis en œuvre à partir de 2018 explique les changements de décor permanents. Val d’Europe Agglomération (VEA) a divisé l’emprise en quatre parties. Chaque année, son délégataire intervient sur l’une d’entre elles. Tout en vérifiant la robustesse des organes de régulation hydraulique, il veille à maintenir la diversité des milieux et des couvertures végétales héliophiles ou hydrophiles, en prairies sèches ou en ripisylves.

Dès le début du parcours d’un bon kilomètre à l’arrière d’une zone commerciale, le héron qui trône sur le bassin des Prés attire le regard. Les platelages en bois suivent une pente imperceptible, scandée par un jeu de micro-seuils souterrains, soit 30 cm de descente jusqu’à la Marne. A l’approche de la rivière et du viaduc de la LGV Est, les bassins s’éclaircissent, l’eau fraîchit, la densité d’algues décroît et celle des planctons augmente.

Un fossé pour les brochets

Un fossé rectiligne et sans obstacle traverse toute la longueur, pour permettre la remontée des brochets, une espèce qui souffre de l’artificialisation des lits majeurs. Ce dispositif illustre le rôle du site dans l’atlas de la biodiversité communautaire, en gestation depuis cinq ans, et dont VEA annonce la finalisation en 2026.

« Mais avant le bien-être des promeneurs et la biodiversité, la priorité va au stockage, à la dépollution et à la régulation hydraulique. Il arrive que les riverains aient du mal à le comprendre », souligne Gilles Bauer, ingénieur principal de la communauté d’agglomération. La qualité de l’assainissement va encore augmenter dans les années à venir : il reste deux tranches de travaux pour finir de déconnecter le réseau d’eaux usées de la lagune du bassin des Prés.

Un maître d’ouvrage précurseur

Sur le plan hydraulique, la crue d’octobre 2024 a rappelé l’utilité vitale de l’infrastructure verte : pendant que l’eau boueuse envahissait de nombreuses communes de la vallée du Grand Morin, elle épargnait les habitants de Coupvray. Ils ont pu mesurer les bénéfices des 6 M€ investis entre 2016 et 2018, sous la maîtrise d’ouvrage déléguée à l’Etablissement public d’aménagement de Marne-la-Vallée.

Leur privilège découle d’une planification arrêtée dès 1987, à la naissance de l’agglomération. Alors que le futur parking d’Eurodisney allait s’implanter au-dessus de Coupvray, le maître d’ouvrage a d’emblée opté pour protéger les habitations et les activités, concentrées en bas de fortes pentes, à l’aide d’un jeu d’escaliers à ciel ouvert. Les flux découchent sur la lagune de l’étang des Prés. Cet exutoire supporte un débit de 5 à 6 m3/s, à l’épreuve des crues centennales, moyennant un marnage d’1,40 m.

Nature et technique

Conçu par Sosson Paysage et exécuté par les entreprises Wiame (TP) et Lachaux (paysage), l’aménagement s’est réalisé avec une empreinte carbone réduite, grâce à l’alimentation du chantier par la voie d’eau attenante. Avant les excavations de 40 000 m3, la proximité de l’infrastructure fluviale a occasionné des études géotechniques approfondies : 12 m de recul protègent le canal de Meaux à Chalifert, d’autant plus exposé aux risques de fuite qu’il surplombe les bassins pluviaux.

Ce détail montre que les solutions fondées sur la nature ne font pas l’économie d’une expertise pointue. De Poitiers à Lyon en passant par la Seine-Maritime, de multiples exemples l’ont démontré, le 17 juin à Coupvray, lors de la rencontre sur la prévention des ruissellements par les arbres et arbustes.

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