Etude

Innovation dans le bâtiment (4/5) : le numérique transforme les entreprises, moins le chantier

Le digital s’est très nettement fait une place au sein des entreprises de bâtiment. Mais le niveau de maturité reste inégal, selon le baromètre de l’innovation du « Moniteur » et de la FFB.

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Ville numérique.
Plus de la moitié des répondants ont déjà mis en place des actions en faveur de la transitions numérique.

La barre des 50% est franchie. Dans son 2024, le « Baromètre de l’innovation dans les entreprises de bâtiment », plus de la moitié des répondants indique avoir déjà mis en place des actions en faveur de la transitions numérique. Et, si l’on ajoute les entreprises qui ont prévu de le faire à plus ou moins brève échéance, on franchit le cap des deux tiers.

Parmi celles déjà engagées, les usages les plus courants au sein de ces entreprises de toute taille concernent le partage de documents (42%), l’utilisation de formulaires numériques (34%) et la communication avec le chantier (26%). Les usages « métiers » sont un peu moins généralisés : commander des matériaux ou des matériels (22%), gérer le planning du chantier (17%) ou encore visionner une maquette numérique (20%).

BIM minoritaire

Le recours au BIM reste effectivement minoritaire, puisque seules 25% des entreprises interrogées affirment avoir adopté cet outil. Au sein de cette population, il est intéressant de noter que le BIM n’est pas forcément généralisé : un quart seulement des sociétés utilisant le BIM l’applique en interne pour plus de la moitié de leurs projets. En mode collaboratif, cette proportion tombe à 11%. Dans le détail, l’usage majoritaire reste la synthèse technique et architecturale (39%), talonnée par le suivi de l’avancement (34%) et la planification / gestion de la sécurité (32%).

A noter que la dynamique de croissance à venir pour le BIM parait modeste car 70% des répondants ne prévoient pas de franchir le pas. La faute, probablement, à la hauteur de la marche à franchir, qui rebute bon nombre d’entreprises. Le dirigeant d’une grosse PME, interrogé dans la phase qualitative de l’étude, l’exprime clairement : « Le BIM n’entre pas pour l’instant dans le cadre de notre activité. Nous devrions, mais n’avons pas la taille suffisante. Nous sommes une belle entreprise pour le monde du bâtiment mais, pour développer du BIM, il faut une taille plus conséquente. Ça coûte cher. »

Le clivage principal repose bien sur la dimension de la structure, comme en témoigne ce représentant d’une ETI. « Dès que l'on travaille avec un groupe de BTP important, un peu structuré, on va pouvoir faire de l'échange de données. En revanche, notre tissu de PME, TPE et artisans, n’est pas outillé, ils n'ont pas les protocoles. »

Enthousiasme autour de l’IA

En comparaison, l’intelligence artificielle parait susciter davantage d’enthousiasme. Technologie beaucoup plus récente, elle a déjà donné lieu à des innovations mises en place dans 9% des entreprises. Surtout, 10% supplémentaire devraient s’y convertir dans les 2 ans et 5% prévoient de le faire plus tard. « Je pense que nous allons vers une mini-révolution, notamment dans la conception, estime ce professionnel travaillant dans une ETI.  Ceux qui ne le feront pas vont perdre très vite des parts de marché. »

Pour l’instant, ce sont ici aussi les services support comme la comptabilité, les RH ou la communication qui sont en avance (63% des entreprises ayant mis en place des solutions basées sur l’IA ou prévoyant de le faire). Pour les métiers du bâtiment, les applications concernent davantage la conception (50%) que la phase chantier (41%).

La maintenance en avance ?

Ce constat chiffré se retrouve aussi dans les remarques des personnes interrogées plus longuement, comme ce représentant d’une filiale de grand groupe. «Pour les métiers support, c'est en cours pour assister toutes les opérations. Mais sur la construction, sur le chantier, nous ne sommes pas prêts. Il faudrait déjà être bien structuré, avec des procédures et des process bien appliqués.»

Dernier enseignement de ces entretiens au long cours : la maintenance peut, au sein des métiers du bâtiment, montrer la voie. « Est-ce que l'on a vraiment tiré les avantages compétitifs de la maquette BIM ?, s’interroge un représentant d’ETI. Je ne pense pas. Sauf, peut-être, dans le monde de la maintenance. » Un coup d’avance que l’on imagine déjà dans l’intelligence artificielle. « Pour moi, c'est une question de un à trois ans pour que l’IA soit plus largement répandu dans la maintenance», parie de son côté un responsable de PME. Le compte à rebours est lancé.

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