«Systra évolue dans un univers de plus en plus concurrentiel et toujours plus globalisé. C’est pourquoi nous ne devons pas rester une société franco-française, notamment en termes de culture. » A l’heure où cette filiale commune d’ingénierie de la SNCF et de la RATP fête ses 50 ans, Michel Cornil, son président, affiche ses ambitions à l’international, bien décidé à affronter les poids lourds de la catégorie.
Mais pour prétendre monter sur le ring, Systra doit grossir. A titre de comparaison, quand la société d’ingénierie, numéro 3 français pour son activité export (1) affiche 205 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2006 avec 1 500 collaborateurs, le géant canadien SNC Lavalin réalise 3,4 milliards d’euros avec un effectif de plus de 13 000 personnes dans le monde. « Dans de nombreux pays où nous intervenons, notamment au Moyen-Orient ou en Inde, les grands cabinets sont incontournables. Ils y sont solidement implantés du fait des autres secteurs d’activités sur lesquels ils interviennent, explique Michel Cornil. Dans ce contexte, il nous faut faire preuve de réalisme et nous associer à eux. » Un ticket d’entrée qui, selon le patron de Systra, vaut mieux que d’essayer de diversifier ses activités.
Une société multipolaire. Faut-il rechercher une consolidation de l’ingénierie française ? « L’alliance avec des sociétés françaises ne résoudrait pas nos problèmes à l’international, estime Michel Cornil. En revanche, il serait judicieux d’avoir une réflexion sur l’ingénierie de transport au niveau européen. » Et c’est notamment vers le Royaume-Uni que regarde le président. Avec deux objectifs : d’abord, s’ouvrir plus largement les portes d’un marché prometteur outre Manche. Ensuite, bénéficier d’une culture anglo-saxonne qui fait parfois défaut à l’international.
Des cibles de croissance externes ont été identifiées et Systra, dont la dette est nulle, a les moyens de ses ambitions « et le soutien de ses actionnaires ». Ce qu’a confirmé Pierre Mongin, P-DG de la RATP, qui souhaite accroître son développement hors d’Ile-de-France et surtout à l’étranger à travers ses filiales d’ingénierie et d’exploitation. « Nous sommes en train de prendre des positions dans le monde, un monde qui est en train d’exploser en termes de demande de transports collectifs », expose Pierre Mongin. « L’objectif est de multiplier par cinq le chiffre d’affaires de nos filiales dans l’activité hors Ile-de-France » pour atteindre un montant « de l’ordre de 500 millions d’euros » d’ici à 2012.
Parallèlement, Michel Cornil indique vouloir faire de Systra une société « multipolaire », plus proche de ses marchés. Traduction : des unités sont ou vont être créées à Dubaï, au Maroc et en Inde. « Nous avons besoin de trouver des compétences. C’est un facteur limitant en termes d’outils de production, explique Philippe Citroen, le directeur général. Et c’est une condition nécessaire si nous voulons tenir notre objectif de 15 % de croissance par an. » En ligne de mire : la barre des 300 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011-2012.
