Infrastructure : des fondations sauvées des eaux

Un trou béant de 1 ha marque encore la dernière parcelle aménageable du site historique des usines Renault, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Il a été creusé pour réaliser les fondations de quatre bâtiments de logements et de bureaux, dont le futur siège du groupe automobile. S'échelonnant du R+ 8 au R+ 14 avec trois à quatre niveaux de parkings en infrastructure, ils seront livrés fin 2025.

Les équipes de Spie Batignolles Fondations, en groupement avec Eiffage Fondations, achèvent aujourd'hui leur mission sur site commencée un an plus tôt. « Et elle a été aussi lourde qu'extraordinaire », confie Jolly Fèvre, directrice de travaux pour l'entreprise. Epaisses de 62 à 82 cm pour 38 m de profondeur, les parois moulées ceinturent les fouilles et soutiennent les terres attenantes sur 450 m linéaires. « Au total, 12 000 m3 de béton ont été employés pour les mettre en œuvre entre février et août 2023, à raison d'un panneau par jour », indique l'ingénieure. Ces ouvrages terminés, six puits équipés de pompes ont commencé le rabattement de nappe phréatique dès le mois suivant. Avant d'être rejetées dans la Seine, les eaux devaient être dépolluées : la station équipée de filtres à sable et à charbon les a traitées au rythme de 200 m3 /heure.

Terrassement des alluvions. La « boîte » rendue étanche, les travaux se sont poursuivis par le terrassement des alluvions. Pour limiter la déformation des écrans de soutènement lors de l'excavation des 150 000 m3 de terre, des tirants ont été ancrés sur le pourtour de la fouille. Seule la partie ouest a été confortée au moyen de trois lits de butons provisoires de 38 m de long pour les plus grands, car le terrain jouxte un local technique du Grand Paris Express.

Alors que ces étapes devaient s'achever en janvier 2024, Spie Batignolles Fondations a dû composer avec l'arrivée, dès la mi-octobre, des équipes de gros œuvre de Legendre, pour qui elle a réalisé les pieux. Afin de gérer cette coactivité, « leurs quatre grues ont dû être installées à l'extérieur du chantier », raconte Jolly Fèvre. Pour l'une d'entre elles, il a fallu forer des micropieux sur un terrain très étroit. Faute de place, le montage de la grue s'est donc déroulé depuis l'intérieur de la fouille. « Nous avons remblayé le terrain afin de créer une plateforme ainsi qu'une rampe d'accès depuis le haut du site, de façon à amener les éléments ainsi que la grue de montage. Un phasage incroyable alors que nous étions en plein terrassement et réalisation des ancrages », s'exclame la directrice de travaux.

Forage à tarière continue. En décembre, les équipes se sont ensuite attelées à fonder les 285 pieux des futurs bâtiments à l'intérieur de la fouille. La nouvelle rampe a été mise à profit pour descendre les foreuses à tarière continue. « Ce procédé de forage rotatif à sec nous a permis de tenir le terrain lors de l'excavation tout en optimisant la cadence », souligne Jolly Fèvre. Au pic de l'activité, 10 pieux de 620 à 1 020 mm de diamètre pour 25 m de profondeur ont été mis en œuvre chaque jour.

Afin d'ancrer le quatrième bâtiment, 30 pieux supplémentaires ont été fondés à l'extérieur de la fouille, à la pointe de la parcelle, jusqu'à la mi-mars. « Nous profitons de cette dernière étape pour réaliser deux pieux d'essai supplémentaires dans cette zone. Leur analyse participera à la mise à jour de notre cahier des charges en matière de pieux à la tarière continue de type 3. Nous allons pour cela vérifier la cohérence avec nos calculs, analyser leur aspect sur toute la hauteur de terrassement, contrôler les paramètres de frottement avec le sol, etc. » indique la directrice de travaux. Autant d'observations qui devraient permettre d'optimiser la dimension des pieux et leur portance à l'avenir. Quant à la superstructure, sa construction peut maintenant démarrer.