Le coup d’envoi officiel de Infra2050 a été donné jeudi 8 février à Lyon (Rhône). Un véritable événement puisqu’aucun pôle de compétitivité n’avait été labellisé depuis 2008 et qu’il s’agit du tout premier dédié au secteur des travaux publics.
Ce lancement vient concrétiser un travail acharné de plusieurs mois, comme le rappelle le président d'Infra2050, Cédric Moscatelli : « Depuis la labellisation de l’Etat en mars 2023 sous condition de structuration, nous n’avons pas arrêté de bosser ! »
Nous, ce sont les clusters Ecorse TP (Doubs) et Indura (Rhône), ainsi que l’institut de recherche Irex (Paris), qui ont dû créer une association commune, devenue opérationnelle en septembre 2023. C'est bien cette dernière qui a permis d’entériner la labellisation d'Infra2050 et ainsi commencer à travailler sur ses quatre axes de recherche en faveur du développement durable et de la numérisation du secteur (voir encadré).
L’action du pôle s’articule autour de 4 enjeux
- Concevoir, construire et exploiter des infrastructures bas carbone
- Penser et adapter les infrastructures pour un usage décarboné
- Faire évoluer les infrastructures pour assurer la résilience des territoires
- Intégrer le numérique pour des infrastructures connectées et apprenantes
Porter des projets d’innovation
Le pôle de compétitivité, épaulé par la Fédération nationale de travaux publics (FNTP) et Syntec Ingénierie, est né avec l'ambition d'offrir aux acteurs des travaux publics « de nouvelles opportunités de financements publics et un espace permettant à nos 240 adhérents de collaborer pour porter des projets d’innovation spécifiques aux travaux publics », détaille Cédric Moscatelli.
Pour ce faire, Infra2050 tiendra d’abord un rôle d’animation. Deux chargés de mission ont été recrutés à cet effet. « Concrètement, leur mission consiste à informer les adhérents des projets de financements publics sur lesquels ils peuvent se positionner, et fédèrent dans des consortiums entre 6 et 10 entreprises, universités, laboratoires de recherche etc., qui travaillent sur les mêmes types d’innovation. » Le pôle de compétitivité labellise ensuite les projets, « leur permettant de gagner en légitimité lorsqu’ils candidatent à des subventions », poursuit le président du pôle.
Sortir les acteurs de leur isolement. Ainsi pourrait-on résumer le sens de la démarche. « Habituellement, une entreprise va auto-financer ses recherches. Avec le pôle de compétitivité, elles pourront prétendre à des subventions nationales ou européennes et mettre en commun leurs savoir-faire pour viser des projets de plus grande ampleur », renchérit Cédric Moscatelli.
Couvrir le territoire français
Pour l’instant ancré en Bourgogne-Franche-Comté et en Auvergne-Rhône-Alpes, les deux régions des clusters fondateurs, Infra2050 veut voir plus loin et couvrir plus largement le territoire métropolitain. « Nous avons pour objectif d’augmenter le nombre de nos adhérents de 25 % d’ici à 2026. Pour cela, nous sommes en discussion avec des syndicats régionaux, mais aussi d’autres clusters, comme Odeys en Nouvelle-Aquitaine et NovaBuild en Pays-de-la-Loire », détaille son président..
Son objectif est clair : parvenir à agglomérer deux nouvelles régions dès cette année. Une montée en puissance nécessaire, d'abord parce que l’Etat a fixé un objectif de 36 projets labellisés d’ici fin 2024, ensuite parce qu'Infra2050 entend participer à un consortium avec d’autres acteurs français et monter un gros projet de recherche au niveau européen sur un jumeau numérique spécifique aux infrastructures.
Une activité de lobbying dédiée aux TP
« C’est bien au niveau européen que nous souhaitons monter en puissance, souligne le président d’Infra2050. Nous voulons notamment orienter les appels à projets pour nos besoins français. » Une façon de mettre en lumière une autre mission d’Infra2050 : celle de lobbyiste. Le pôle de compétitivité veut aiguiller l’Union Européenne aussi bien que les pouvoirs publics français sur les sujets qu'ils choisissent d'investir. « Nous souhaitons aider à orienter les financements publics vers des projets d’innovation dédiés aux travaux publics », résume Cédric Moscatelli.