Industrie : Bati Sens ne sera pas un feu de paille

Le nouvel acteur de la fabrication bois et paille pour l'écoconstruction vient d'ouvrir un premier site industriel de production de murs préfabriqués en Essonne.

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Pour Eric Bouvatier, président fondateur de Bati Sens, il est possible de décarboner la construction et de l’inscrire dans une démarche d’économie circulaire.

La future caserne des sapeurs-pompiers de Paris à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), dans l'écoquartier de l'Arsenal, sera à ossature bois et isolée avec de la paille. Si l'image peut sembler insolite, pour Eric Bouvatier, président-fondateur de Bati Sens, jeune entreprise industrielle qui fabrique ce procédé, ce projet valide surtout une intuition forte : il est possible de décarboner la construction et de l'inscrire dans une démarche d'économie circulaire. « Le bois est un puits de carbone, tout comme la paille, qui n'est rien d'autre qu'un déchet agricole, explique-t-il. La botte de paille stocke 14 kg CO2/m2, et en plus, la méthode constructive des murs bois et paille s'opère sans eau. »

L'offre créera la demande. C'est en avril 2022 qu'Eric Bouvatier a lancé Bati Sens, entreprise à mission dont la raison d'être est de « prendre soin de soi, des autres et de l'environnement ». Après avoir réalisé une étude comparative des acteurs de la construction bois-paille et même audité la ligne de production de l'un d'entre eux avec un ingénieur venu du monde de l'automobile, il se lance, persuadé que l'offre créera la demande : « Grâce à une longue expérience dans le redressement d'entreprises en difficulté, je sais identifier les forces d'un process, corriger ses faiblesses et comprendre les besoins des clients. » Le dirigeant décide de s'implanter en Ile-de-France, à proximité des plus gros chantiers et des décideurs de la construction. Avec l'aide de l'agence Essonne Développement, il trouve un site à Corbeil-Essonnes. Un agriculteur de Seine-et-Marne « à moins de 30 km de là » lui fournit sa paille. C'est dans le Morvan, chez Monnet-Sève Sougy, qu'il va chercher un bois qu'il exige certifié français. Puis il investit massivement dans des machines. Et sort son premier mur à ossature bois (MOB) en juillet dernier.

Les planches de bois de 13 m et 90 kg sont déplacées grâce à un palan. Une fois formatés, les éléments du mur sont cloués, vissés et les panneaux agrafés mécaniquement, tandis que les bottes de paille sont insérées à la main. Le tout à hauteur d'homme et en essayant de limiter au maximum les particules fines, afin de réduire la pénibilité et de protéger la santé des ouvriers. « Aujourd'hui, nous avons la plus grosse capacité de fabrication de France, avec une ligne qui est quatre fois plus productive que les autres », se réjouit le chef d'entreprise. L'équipe de trois ouvriers « sort » deux MOB de 15 m2 par jour. L'objectif : « Passer à sept, puis dix. Nous avons une capacité nominale de 70 000 m2 à l'année », estime Eric Bouvatier.

Nexity et JMG Partner intéressés. Des recrutements sont en cours - l'équipe passerait alors de cinq à huit personnes -, et ils ne seront pas de trop car Bati Sens a su se faire repérer : Nexity s'est montré intéressé par sa solution pour un projet de 16 000 m2 porte de Montreuil à Paris, tandis que JMG Partners a passé commande pour un futur hangar logistique de 25 000 m2 . Mais sa solution peut aussi se prêter à l'isolation thermique par l'extérieur. « Avec la paille, il n'y a pas de pont thermique, pas de tassement », vante Eric Bouvatier. Le dirigeant est prêt pour des commandes « en B2B et pour des chantiers importants ».

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