« Le nouveau prime, ce sera le bureau vert, lance Pauline Koch, présidente et fondatrice de la jeune pousse Sitowie. Une crise se profile sur la valorisation des actifs immobiliers. Et pourtant, rares sont les gestionnaires d’actifs immobiliers qui ont réalisé des actions systématiques, coordonnées, concrètes en matière de travaux verts sur leur portefeuille dans le cadre d’une démarche globale structurée. Il est vrai que la dégradation de la situation économique (inflation, remontée des taux d’intérêt, dévaluation de certains biens…) a de quoi préoccuper mais cela ne doit pas occulter les enjeux à moyen terme. Enfin, l’absence de référentiel national, notamment de grille ESG, rend la tâche ardue. Résultat, les investisseurs ont levé le crayon alors que le secteur peut prendre le taureau par les cornes et lancer les travaux nécessaires pour préserver la valeur de leur patrimoine. »
Les utilisateurs "renégocieront les baux des passoires énergétiques"
Selon la dernière étude du groupement Immostat, 5,4 Mds€ ont été engagés en France au cours du dernier trimestre 2022 (-52% sur un an). Une contreperformance liée au resserrement des politiques monétaires, selon les brokers, traditionnels observateurs du marché. Mais lors du Simi 2023, une conférence intitulée « comment transformer l'obligation réglementaire du Décret Eco Energie Tertiaire en opportunité de valorisation patrimoniale ? », a fait salle comble. Preuve de l’intérêt des principaux concernés pour la performance environnementale des immeubles, qui peut brouiller les pistes et inciter les investisseurs à lever le crayon.
Car pour renseigner les informations de consommation énergétique sur la plateforme Operat, les propriétaires d’immeubles tertiaires ont dû se pencher sur la consommation énergétique de leur patrimoine. « Nous risquons de voir des renégociations de baux d’utilisateurs qui se rendraient compte que leur bâtiment est une passoire énergétique », alertait Baya Derriche, responsable des études immobilières chez Galtier Valuation.
Questionnaire en ligne jusqu’au 31 janvier
Forte de ce constat, et confortée par le durcissement de la réglementation - décret tertiaire, taxinomie européenne, CSRD, loi Climat et Résilience… - Pauline Koch lance avec sa start-up sa propre enquête nationale. Objectif : « comprendre les freins à la rénovation et ce qui peut pousser le passage à l’acte, tout en mesurant la décote brune – la décote subie par un actif qui ne répond pas aux critères verts – avec des exemples, permettant de comparer concrètement la valorisation entre des actifs, ceux ayant été bien entretenus et les autres qui nécessiteront des travaux. »
Un questionnaire en ligne est ouvert depuis le 21 décembre sur le site web de l’entreprise jusqu’au 31 janvier. Une fois clôturé, des entretiens qualifiés seront menés. La start-up attend une centaine de réponses émanant d’experts de l’immobilier tertiaire (brokers, gestionnaires d’actifs, grand propriétaires…). Rappelons que Sitowie propose des scénarios de travaux d’un parc immobilier après l’avoir modélisé.