« Il est temps que chacun prenne ses responsabilités », Jean-Christophe Repon (Capeb)

Alors que le président de la République a annoncé, mardi 10 décembre, aux chefs des partis politiques réunis à l’Elysée, hors LFI et RN, vouloir nommer « dans les quarante-huit heures » un nouveau premier ministre, la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment tire la sonnette d’alarme. Par la voix de son président, elle appelle à la mobilisation et lance une campagne baptisée « Nous prenons nos responsabilités. Et vous ? »

Jean-Christophe Repon, président de la Capeb
Jean-Christophe Repon, président de la Capeb.

Depuis près de deux ans, vous ne cessez d’avertir les différents gouvernements sur l’évolution du marché et notamment sur la rénovation énergétique…. Vous en êtes où aujourd’hui ?

Jean-Christophe Repon : Ce que nous avions prédit est arrivé. Malgré nos avertissements et les échanges avec les différents ministres et directions générales ministérielles, nous nous retrouvons avec très peu d’arbitrages en faveur du marché et de la transition énergétique. Conséquences de cet immobilisme, nous nous retrouvons actuellement dans une position assez inconfortable avec d'un côté, une activité qui recule depuis cinq trimestres et de l’autre, avec l’attente d’un nouveau premier Ministre, une absence de visibilité politique. Pourtant, nos propositions ont muri et évolué depuis que nous discutons avec les gouvernements. Mais elles n'arrivent pas à éclore et à aboutir véritablement à des décisions politiques alors qu’elles sont attendues par nos entreprises artisanales.

Avec cinq trimestres consécutifs de recul, le marché est-il en récession ?

J-C Repon : Ce n’est pas encore le cas, mais cela ne saurait tarder si la tendance se poursuit. Notre préoccupation majeure est justement de ne pas atteindre ce point de non-retour. C’est pour cela que nous réitérons nos propositions. Elles sont concrètes, responsables, sans impact négatif sur le budget de l’État. Et elles ne sont ni partisanes, ni radicales. Elles servent la cause nationale autour de la transition énergétique, le vieillissement de la population, l’attractivité de nos métiers pour que les jeunes femmes et les jeunes hommes rejoignent le bâtiment, la lutte contre la fraude…

Pourtant certaines de vos mesures ont déjà reçu des arbitrages favorables, notamment des ministres Kasbarian et Béchu, mais restent en attente de traduction législative ou réglementaire ?

J-C Repon : En effet, à l'exception d’un décret positif signé à quelques heures de la démission du gouvernement Barnier en faveur de la stabilité du dispositif de MaPrimeRénov’en 2025, nos propositions ont fait l’objet d’arbitrages favorables. Elles pâtissent depuis plusieurs mois du climat d'incertitude engendré par la dissolution de l'Assemblée nationale. C’est pour cela que nous lançons cette opération qui relève du coup de gueule, baptisée « Nous prenons nos responsabilité. Et vous ? ». Cela fait plus d’un an que nous attendons, il est temps que chacun prenne ses responsabilités.

Elle s’adresse à qui exactement cette campagne ?

J-C Repon : Nous nous adressons à nos futurs gouvernants, aux directions générales ministérielles, mais également aux députés et aux sénateurs. Et indirectement à nos artisans. Le but est, à l'instar de chaque président de département de notre fédération, qu'ils portent notre message dans leur territoire auprès de leurs députés et sénateurs pour que ces derniers s’engagent sans plus tarder !

Quelles sont les premières mesures que vous attendez du futur gouvernement ?

J-C Repon : L’accompagnement à l’apprentissage des sociétés de moins de 50 salariés doit être maintenu à 6 000 €. C’est un dispositif essentiel pour nous et c’est un signe fort envoyé aux très petites entreprises (TPE). Il développe l'attractivité de nos métiers et permet de préparer la relève et la reprise de nos entreprises. Et ce n’est pas si cher que cela. Je rappelle juste qu’il fut un temps où l’apprentissage était accompagné à hauteur de 8 000 €.

Il y a aussi la crispation autour du changement de TVA sur les chaudières de 5,5 à 20 %. Ce taux n’est pas en adéquation avec le pouvoir d’achat des Français et complexifie nos factures dans un parcours de rénovation. Nous demandons une TVA à 10 %. Ensuite, la validation des acquis de l'expérience (VAE) pour l’accès au RGE. Malgré un arbitrage favorable de Christophe Béchu (ancien ministre de la Transition Ecologique dans les gouvernements Borne et Attal, Ndlr), il n’est toujours pas mis en place. Nous pouvons aussi ajouter la lutte contre la fraude en limitant à deux rangs de sous-traitances maximum dans le RGE et la pérennisation des chantiers à 100 000 €.

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