Détaillée en début d’année, la stratégie bas carbone du promoteur Icade prévoit la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre lors de la production de logements comme de bureaux, grâce notamment à un moindre usage du béton. Pour aller plus loin, la filiale de la Caisse des dépôts mise sur une politique de compensation à travers des projets estampillés du Label bas-carbone lancé par le ministère de la Transition écologique en novembre 2018. Il s’agit de contribuer à la création de puits de carbone proportionnellement à la part d’émissions de gaz à effet de serre que l’entreprise ne peut pas réduire. Cela se traduit par la reconstitution de forêts françaises sinistrées, afin de recréer les conditions de captation du CO2 dans cet écosystème particulier. A l’échelle mondiale, les forêts captent environ 30 % du CO2 d’origine anthropique.
Espèces variées. Pour ce faire, Icade vient de signer deux partenariats pour une durée de cinq ans minimum. Le premier a été passé avec la plate-forme parisienne Stock CO2, qui s’est donné pour mission d’identifier les sites où il est nécessaire de planter des arbres, de mettre ensuite en relation le promoteur avec les propriétaires, puis de gérer tous les aspects administratifs jusqu'à la plantation par des forestiers français. « Le cahier des charges du label empêche d’accompagner un entrepreneur qui réalise des coupes rases, c’est-à-dire qui coupe par exemple tous ses pins pour les vendre, puis en planter de nouveau », insiste Thomas Martal, cofondateur de Stock CO2. Concernant les essences utilisées, « cela dépend de la région, mais nous privilégions un mélange de résineux et de feuillus à hauteur de 50 % chacun, assure le dirigeant. Le mélèze est souvent employé pour le bardage, tandis que le douglas ou le chêne rouge d’Amérique servent en structure. Ce dernier présente l’avantage de pousser plus vite que les espèces endémiques présentes en France. » A terme, la jeune entreprise compte se diversifier dans des projets liés aux terres agricoles et même aux océans.
Le Label bas-carbone proscrit la collaboration avec des entrepreneurs pratiquant des coupes rases
Le second partenariat a été signé avec la Société Forestière, filiale de la Caisse des dépôts elle aussi, et gestionnaire de 300 000 ha de massifs forestiers. « Là aussi, Icade finance des plantations dans les forêts qui ont subi un incendie, une tempête ou une attaque de scolytes [insectes parasites, NDLR] dans des proportions qui peuvent atteindre 80 % du coût total », indique Céline Scemama, sa directrice générale adjointe.
Un audit de la forêt. Le calcul de la compensation peut être confié à Stock CO2, qui le réalise sur la base des éléments techniques fournis par son réseau d’une trentaine d’experts forestiers. Ces estimations doivent ensuite être validées par la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), qui gère le label pour le compte du ministère de la Transition écologique. Ce n’est qu’au bout de cinq ans, et au terme d’un audit de la forêt par une tierce partie comme Bureau Veritas, qu’Icade recevra les crédits de CO2 à soustraire de son bilan annuel.
Pour le promoteur, qui n’a pas encore officialisé ces partenariats, il est encore trop tôt pour avancer des objectifs chiffrés. En 2019, la totalité de ses émissions (scope 1, 2 et 3) représentait environ 16 000 t de CO2.
