Si huit entreprises du BTP sur dix plébiscitent la RSE, la mise en place d’une démarche pertinente sur le long terme peut être freinée par le manque de temps et la complexité du sujet. C’est ce qui ressort d’une étude sur la mise en pratique du développement durable au sein des sociétés du BTP, menée par les cabinets Utopies et TBC Innovations pour le Comité de pilotage de l’Observatoire des métiers du BTP, et dévoilée le 16 décembre.
Faire de la RSE sans le dire
Cette enquête en ligne réalisée auprès d’un panel représentatif de 716 entreprises du secteur montre que le terme de RSE reste encore assez peu répandu au sein des plus petites entreprises, qui composent la grande majorité du tissu des sociétés du secteur. Mais si un certain nombre d’actions ne sont pas directement rattachées ou valorisées dans le cadre d’une démarche en bonne et due forme, les entreprises du BTP sont nombreuses à mettre en œuvre des démarches de ce type.
Il apparaît que 84 % des structures interrogées mettent en œuvre leur démarche sans formalisation, tandis qu’à l’inverse 15,7 % des répondants « formalisent une démarche structurée et se distinguent par un niveau d’engagement élevé ». Seules 0,3% des entreprises sondées font à ce jour l’économie d’une démarche de RSE. Une catégorie d’entreprises « très minoritaire et [qui] tend à disparaître du fait de la pression croissante des réglementations et des différentes parties prenantes (clients, collectivités, etc.) et de la sensibilisation sociétale aux enjeux sociaux et environnementaux », notent les auteurs de l’étude.
Santé-sécurité, gestion des déchets, économie circulaire
Les résultats de l’étude mettent d’autre part en lumière plusieurs grands positionnements face aux thématiques « RSE ». Certaines structures déclarent juger importantes ou mènent des actions sur les thématiques relatives à la santé-sécurité, les conditions de vie au travail, la gestion des déchets ainsi que l’économie circulaire.
Certaines sont intégrées aux pratiques des employeurs, à l’image de la formation des salariés, de l’amélioration de la performance énergétique du bâti, ou encore du recours à des matériaux locaux. D’autres enfin sont traitées en fonction des besoins, comme les ressources humaines (diversité, mixité, insertion des publics fragiles…) ou les thèmes liés au patrimoine et à l’accessibilité.
Démarche adaptée aux TPE et PME
L’étude a par ailleurs permis d’identifier plusieurs axes pour favoriser le déploiement ou la valorisation d’actions déjà mises en œuvre au sein du secteur. La réalisation de cet objectif nécessiterait tout d’abord une démarche adaptée aux TPE et PME, ainsi qu’une aide à la prise de recul et la recherche de sens dans les enjeux et les démarche RSE. Il s’agirait en outre de favoriser l’engagement des salariés dans ce cadre, ou encore de valoriser les progrès liés à la mise en œuvre de la réglementation.
L’enquête rappelle enfin la nécessaire évolution des compétences qui doit accompagner le déploiement de la RSE. C’est notamment le cas pour les profils en conception, tenus d’enrichir leurs connaissances sur les matériaux, leurs interactions, la maîtrise du cycle de vie du bâtiment. Autre exemple : les gestes métiers dont, entre autres, « ceux en lien avec des techniques de construction et d’isolation supposant d’intégrer de nouveaux savoir-faire et connaissances ».
Un créneau sur lequel s’est positionné le dispositif Formations aux économies d’énergie dans le bâtiment (Feebat) s’agissant de la formation continue. Côté formation initiale, la majorité des grandes écoles d’ingénieurs du secteur intègrent désormais des options ou proposent des diplômes liés aux spécificités de la transition énergétique.