Hôpital : une opération d'envergure finement cadencée

Livré fin mars, le bâtiment témoin du plus grand chantier hospitalier de France, avec 220 000 m2 à bâtir d'ici à 2027, donne toute la mesure du gigantisme de ce projet de 1,2 milliard d'euros. Construit sur fondations superficielles, cet édifice provisoire de 600 m2 sur deux étages a coûté, à lui seul, 1 million d'euros. Vu de l'extérieur, il présente un aspect hétéroclite car il reprend des éléments de façades des 13 bâtiments à venir.

Mais une fois le seuil franchi, le visiteur est projeté dans le futur équipement. « L'objectif est de vérifier, en conditions réelles, l'efficience des aménagements prévus, d'y apporter dès maintenant les corrections nécessaires afin d'éviter des complications qui pourraient entraîner des retards de chantier », explique Pierre Nassif, directeur du pôle investissements, logistique et nouvel hôpital au CHU de Nantes.

300 000 t de déblais. Ce témoin sera démonté au premier semestre 2027. « Pour l'heure, nous sommes dans les délais, voire légèrement en avance », assure Pierre Nassif. Un petit exploit, le CHU et les architectes d'origine ayant, en avril 2021, mis fin à leurs relations contractuelles à l'issue de la phase de conception. Pour coordonner ce chantier, largement alloti avec quatre grands blocs dévolus au seul gros œuvre, un nouveau groupement conduit par l'agence Patriarche a donc pris le relais. Composée également de Builders & Partners (direction travaux avec Patriarche) et d'Edeis (direction technique), l'équipe de maîtrise d'œuvre d'exécution compte une centaine de personnes, en grande partie installées dans l'une des cinq bases vie. « Nous sommes en full BIM et nous avons pu récupérer toutes les maquettes, raconte Valérie Banon, directrice de projet et associée chez Patriarche. Notre mission est de construire tel que conçu et dans le respect du budget du CHU. Et c'est un réel défi de tenir les délais de ce chantier sans avoir été à l'initiative de la conception. » Sur ce site de 10 ha laissé libre par le déménagement du marché d'intérêt national (MIN), Colas Centre-Ouest a ouvert le bal. De ce terrain alluvionnaire, 300 000 t de déblais ont été évacués par camions en 2021. « Tout ce qui a été débarrassé a pu être revalorisé à 97 % dans un rayon de 20 km », assure Guillaume Catoire, responsable technique du CHU. Ensuite, environ 3 000 pieux, ont été coulés, à raison de 20 à 30 par jour. « Pour ces pieux, qui n'auront pas à supporter leur charge maximale avant deux ans, nous avons utilisé un béton ultra bas carbone, dont la montée en résistance est plus longue », raconte Fabien Froment, directeur de projet chez Vinci Construction. Attributaire du plus important macrolot (bloc 2) du chantier, le groupe y a d'ailleurs installé sa propre centrale à béton, appelée à produire 150 000 m3.

15 grues et 1 200 compagnons. Les fondations seront achevées au début de l'été. « Les rez-de-chaussée des bâtiments, comme les lignes de tramway ralliant le CHU, se situent à la cote NGF 7 65, soit 40 cm au-dessus de la cote maximale de la crue millénale », précise Guillaume Catoire, alors que l'emplacement du CHU sur l'île de Nantes fait l'objet de critiques persistantes des opposants au projet.

Douze grues, sur les quinze prévues, sont installées et plus de 300 compagnons ont entamé les premières élévations. Ils seront 1 200 au pic du chantier fin 2024, début 2025.