Historial Charles de Gaulle : un monument audiovisuel

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Plus que quelques finitions et réglages avant l'ouverture de l'historial Charles-de-Gaulle à Paris, prévue le 23 février au lendemain d'une inauguration présidentielle. Un lieu de transmission de connaissance. Une muséographie originale fondée sur l'image. Et une salle de projection en forme de coupole inversée, réalisée non pas de pierre et d'or comme celle sous laquelle repose Napoléon, mais de bois et de lumière.

Lieu de connaissance

"Depuis quelques années, la Fondation Charles de Gaulle mène une politique de communication pour mieux faire connaître à la fois l'homme, le militaire et le chef d'Etat, rappelle le général François Kessler, directeur général de la Fondation Charles de Gaulle. Elle le fait à travers trois lieux, énonce-t-il : sa maison natale à Lille (restaurée en 2005), le mémorial à Colombey-les-deux-églises (ouverture en 2008) et l'historial à Paris (inauguré le 22 février prochain)." De son côté, le général Robert Bresse, directeur de l'établissement public du musée de l'Armée, indique que "la création de l'historial Charles de Gaulle (2.500 m2) constitue la troisième des cinq tranches de modernisation de l'hôtel national des Invalides" (presque 1,2 million de visiteurs en 2007). Et malgré "un chantier qui a dérapé de 20% sur le plan financier et de deux mois au niveau des délais", il tient à saluer le travail "beau et utile" des architectes Alain Moatti et Henri Rivière, la scénographie "portée" par l'équipe entourant le commissaire Sharon Elbaz, le "très grand film" du réalisateur Olivier L. Brunet et surtout toutes les entreprises "qui n'ont ménagé ni leur temps, ni leur effort" (voir fiche technique ci-dessous).

Muséographie originale

Selon Sharon Elbaz, commissaire de l'historial et directeur des projets de la Fondation Charles de Gaulle, le lieu met en œuvre une "muséographie originale" issue d'une "absence d'objets". "Notre parti pris c'est l'image" car, estime-t-il à juste titre, elle "caractérise à la fois l'itinéraire de Charles de Gaulle et le XXe siècle qu'il a marqué". "Des outils technologiques interactifs permettent de décrypter de nombreuses archives audiovisuelles, commente Sharon Elbaz, notamment pour les jeunes générations qui n'ont pas connu ces événements en direct. L'historial n'est donc pas un lieu de mémoire mais de transmission du savoir." Un émouvant film biographique de 25 minutes sera diffusé en boucle dans la salle de projection (Francis Huster pour la voix française). Pour son réalisateur, Olivier L. Brunet, qui assouvit là sa "mégalomanie" en juxtaposant cinq écrans, il fallait "réinventer les milliers d'heures d'archives". Il explique avoir "joué sur les symétries pour redécouvrir des images vues, revues et re-revues". Exemple d'une séquence datant de 1970 : les trois écrans centraux montrent le cercueil du général, recouvert du drapeau français, tandis que les écrans situés aux extrémités gauche et droite montrent le peuple endeuillé. Le film s'achève de manière triomphante par un survol de la place Charles de Gaulle à Paris, anciennement place de l'Etoile, jusqu'au nouvel historial situé aux Invalides.

Coupole inversée

"L’historial est un monument invisible car enterré 12 mètres sous la cour de la Valeur" (45 m x 38 m), indique l’architecte, Alain Moatti. "Clin d’œil à l’Histoire : la coque en bois, dans laquelle sera projeté un film d’archives sur de Gaulle, est l’inverse de la coupole dorée des Invalides, sous laquelle trônent les cendres de Napoléon Ier", révèle son associé Henri Rivière. Selon lui, "le bois exprime ici une forte dimension tellurique et humaine". Modélisée en 3D à l’aide des logiciels Catia et Rhino, "la structure courbe se divise en 29 anneaux horizontaux et 58 refends verticaux, détaille Dominique Venturini, responsable des études techniques au sein de l’entreprise de menuiserie intérieure Suscillon. Pour débillarder les 25 tonnes de panneaux bois (multipli de 30 mm d’épaisseur avec placage de merisier), la société sous-traitante Cambium utilise une machine de découpe numérique à cinq axes qui reproduit l’évolution des tracés biais." Les éléments obtenus sont par la suite vernissés et assemblés in situ. Au final, ils forment une coque autoportante de 21 m de longueur, 17,80 m de largeur et 9 m de hauteur, seulement étayée par quelques chandelles au sol. L’intersection des anneaux horizontaux et des refends verticaux divise la structure en 2.400 cases de 30 cm de côté. Chacune d’elles supporte une diode électroluminescente destinée à la mise en lumière de la salle de projection. Selon Moatti & Rivière, il s'agit d'"un lieu dont on se souvient".

Milena Chessa

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