Le quartier de l’Escalette, à Mouvaux, autrefois appelé «Cité expérimentale du Congo», fait figure de pionnier dans l’histoire du logement social. Sorti de terre à partir de 1946 dans la foulée de la création par les grands patrons du textile du Comité interprofessionnel du logement (CIL) de Roubaix-Tourcoing, on y testa de nouveaux modes de construction pour loger de manière plus confortable les salariés et leur famille. Soixante-dix ans plus tard, la cité-jardin de l’Escalette renoue avec cet esprit grâce à Vilogia, troisième ESH de France, qui y conduit, en partenariat avec la Ville de Mouvaux et Rabot-Dutilleul Construction, un projet novateur en matière de rénovation urbaine et de dialogue avec les habitants, labellisé «Troisième révolution industrielle en Nord-Pas-de-Calais».
«HEP: Habita(n)ts à énergies positives» - c’est son nom - est une méthode inédite d’aménagement de quartiers producteurs d’énergies devant préfigurer la ville de 2030. Son objectif est triple: réunir l’ensemble des acteurs – locataires, propriétaires privés (1/3 des habitants de l’Escalette aujourd’hui) et la Ville de Mouvaux – dans une concertation innovante inspirée d’un modèle britannique, reconstruire un quartier à énergie positive (à terme, les logements réhabilités et nouvellement construits produiront ensemble plus d’énergie qu’ils n’en consommeront) et redynamiser le tissu de celui-ci en offrant de nouveaux services, commerces et équipements par une démarche vertueuse fondée sur l’économie circulaire (transformation de déchets en matières premières réutilisables) et l’économie de la fonctionnalité (substitution de la vente d’un bien par la vente de l’usage de ce bien).
Dépasser les limites établies
Une enquête a d’abord permis de mieux connaître les habitants. 90 % d’entre eux ont répondu. Depuis la fin de l’année dernière, une quinzaine de rencontres (réunions d’information, ateliers de travail thématiques, rendez-vous de sensibilisation…) ont déjà été organisées. Afin de faciliter les échanges, 21 ambassadeurs volontaires assurent le relais entre les partenaires et la population, avec l’aide de l’agence spécialisée en médiation Archiae. Ce travail de réflexion vient d’aboutir à la sélection de quatre groupements pour le concours de maîtrise d’œuvre urbaine qui va dessiner l’avenir du quartier. Il s’agit de: MG-AU (mandataire) avec comme cotraitants Atelier Jours, Sorepa (Groupe Verdi), Becquart, Impact Qualité environnementale, Cohérence Energie et Cabinet Destarac; Atelier Pascal Gontier (mandataire) avec ADSC, Maya Construction durable, Enertech, Cabinet Campion, Une autre Ville, Bocage et Huglo-Lepage et associés; Engasser et associés (mandataire) avec CSCH Claire Shorter, Artelia ville et transport, Tribu, Empreinte, Utiliti et Brandlu Partners; et François Leclercq (mandataire) avec Atelier 9.81, Atelier Altern, Profile, Diagobat, Safege (et Explicit comme sous-traitant), Projex, Lefevre & Pelletier et Lateral Thinking Factory. Le choix du lauréat interviendra au printemps 2015.
Parallèlement, une phase de diagnostic urbain court jusqu’en décembre, à l’issue de laquelle les habitants émettront des préconisations. Le projet dans sa forme définitive sera présenté à l’automne 2015. Mais l’ambition de Vilogia, dont la stratégie métropolitaine s’écrit à l’échelle nationale, est de faire de HEP une méthode reproductible sur d’autres territoires. «C’est grâce à notre capacité d’innovation, à notre volonté d’anticiper les besoins de demain et dépasser les limites établies, que nous créerons ensemble – habitants, partenaires, institutionnels – de nouveaux leviers pour une rénovation urbaine prenant en compte l’intégration de l’économie durable au cœur des quartiers», est convaincu son directeur général Philippe Rémignon.