Le 1er février, la ministre finlandaise des Transports, Anne Berner, a annoncé la création d’une société publique chargée de promouvoir des investissements dans le secteur. Baptisée Oy Suomen Rata AB, elle sera dotée d’un capital initial de 100 M€. L’un des projets dont elle sera chargée concerne la probable construction de lignes à grande vitesse reliant la capitale Helsinki à, d’un côté, Tampere (160 km au nord) et, de l’autre, Turku (150 km à l’ouest).
La première, censée faire une halte à l’aéroport international d’Helsinki, devrait coûter 5,5 Mds€, l’autre environ 2 Mds (cette ligne-là ne nécessitant pas la construction de tunnels, contrairement à la seconde). Pour la phase de planification, l’État a décidé de consacrer 16 M€ à la ligne Helsinki-Tampere et 10 M€ à celle allant à Turku.
Quant au reste, le gouvernement compte sur une contribution des communes, des régions mais aussi et surtout du privé, condition nécessaire à une demande de cofinancement de l’UE, lequel pourrait couvrir environ 20% du coût total.
Si ces questions (décisives) sont réglées comme il le souhaite, le ministère des Transports table sur une mise en service des lignes vers 2035.
Raccordement à Rail Baltica en vue
Par le biais d’Oy Suomen Rata AB, la Finlande mettra également un pied dans un autre projet – en cours – de ligne de train rapide, Rail Baltica, qui doit relier le nord de l’Estonie (Tallinn, sa capitale) à la frontière sud de la Lituanie et plus tard, en principe, Varsovie.
La somme initialement investie par Helsinki est minime : 2 M€, qui lui serviront de droit d’entrée dans RB Rail AS, la société conjointe créée par les trois États baltes pour réaliser ce chantier estimé à 6 Mds€. Elle n’en traduit pas moins l’intérêt du pays nordique. « Une fois achevée, Rail Baltica sera une voie d’acheminement supplémentaire entre la Finlande et les marchés d’Europe centrale », note le ministère des Transports.
Coïncidence ? Au même moment, RB Rail AS a nommé un Finlandais à sa tête, Timo Riihimäki. Ce ralliement constitue un pas de plus vers une éventuelle réalisation d’un tunnel ferroviaire qui relierait, sous un bras de la mer Baltique, la Finlande à l’Estonie, au sud.
Ce projet-là (le FinEst Link), qui serait un des plus longs du genre au monde (environ 100 km, dont 80 sous la mer), est loin d’être engagé et son financement – estimé à 13 Mds € – encore très incertain. Mais l’idée fait son chemin. Les pouvoirs publics finlandais et un homme d’affaires du même pays mènent des études séparées.
De l’Arctique à l’Allemagne
De plus, la participation de la Finlande à Rail Baltica lui permettra de « promouvoir le développement d’un couloir [ferroviaire] central » allant d’Helsinki à la zone arctique, anticipe le ministère finlandais des Transports. Lequel fait ainsi référence à un autre projet de ligne, que le gouvernement aimerait voir construite entre Rovaniemi (800 km au nord d’Helsinki) et le port de Kirekenes (Norvège), 500 km plus au nord, sur la mer de Barents. Certains, à Helsinki et ailleurs, imaginent déjà un couloir ferroviaire allant de l’Arctique à l’Allemagne, via le FinEst Link.
Mais la partie la plus septentrionale du projet devra patienter : le 11 février, un comité mandaté par le ministère finlandais des Transports a jugé la ligne Rovaniemi-Kirkenes non-viable en l’état actuel, en raison d’un potentiel de fret insuffisant. Selon lui, il faudrait aussi renforcer la capacité du réseau entre Helsinki et Rovaniemi pour pouvoir, un jour, concrétiser l'arc ferroviaire jusqu'à l'Arctique.
