L’objectif gouvernemental est connu : 500 000 logements par an, dont 150 000 sociaux. Mais combien de « très sociaux » ? Combien de ces programmes qu’on préférerait loin de chez soi, destinés aux populations les plus fragiles : jeunes travailleurs précaires, adultes en rupture de ban, anciens toxicomanes en réinsertion, etc. Foyers, maisons relais, centres d’accueil, appartements thérapeutiques, etc. Tous se heurtent aux mêmes difficultés - parfois encore plus vives - que le logement social : pusillanimité des décideurs, pénurie de foncier, rigueur des programmes, défiance des riverains, cachexie des budgets, difficultés d’exploitation, etc. La tâche n’est pas aisée non plus pour le maître d’ouvrage, qui n’est pas nécessairement gestionnaire, ni utilisateur final du lieu. Ainsi de la Société immobilière d’économie mixte de la Ville de Paris (Siemp), commanditaire, entre autres, du foyer relais pour autistes à Paris XII (« Le Moniteur » du 30 décembre 2011, p. 15) : « A la différence du logement social, nous ne sommes pas ici gestionnaires, précise Sylviane Léger, directrice générale. L’enjeu est de réussir le partenariat avec le futur exploitant dans le respect des rôles de chacun : il élabore le projet social dont il est garant. Le maître d’ouvrage, de son côté, doit intégrer les objectifs et les contraintes du projet. »
Dépasser les règles de sécurité
Et du côté de l’architecte ? « Je crois qu’il doit savoir faire preuve de beaucoup de modération dans son intervention sur ce type de programme, suggère Hélène Fricout-Cassignol. Et surtout permettre aux résidents de s’approprier l’espace plus facilement. »
« C’est un public très fragile, reprend Sylviane Léger, ce qui nécessite d’aller parfois au-delà des règles de sécurité. Il faut imaginer des solutions plus élaborées - ou simplement mieux adaptées - que celles dictées par l’application stricte de la réglementation : par exemple installer des minuteurs sur des plaques chauffantes, ou prévoir des pictogrammes parfaitement explicites. C’est pourquoi le dialogue avec le futur gestionnaire, est si précieux. » Comme avec l’architecte, serait-on tenté d’ajouter.
