Le gigantesque chantier de préparation au changement de gaz entre en phase opérationnelle en février. Jeudi 28 janvier 2021, GRDF et ses partenaires, la Capeb (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment), le Synasav (Syndicat national de la maintenance et des services en efficacité énergétique) et le Gret/FFB (Groupement régional de l’équipement technique / Fédération française du bâtiment) présentaient ce projet dont le succès dépend beaucoup de la capacité de la filière à former assez de techniciens. En effet, le dispositif va en mobilier 2 500 en région sur les huit prochaines années.
Le gisement de Groningue — qui alimente en France 1,3 million de clients, tous situés dans les Hauts-de-France — produit en effet un gaz B qui, grâce à sa teneur un peu plus élevée en azote, possède un pouvoir calorifique plus faible que le gaz H qui va le remplacer progressivement et que l’on trouve déjà sur le reste de l’hexagone. Le gaz B est distribué à une pression légèrement supérieure que celle du gaz H et les équipements sont réglés en conséquence.
80 000 clients déjà passés au H
Une première phase pilote a permis de passer 80 000 clients du gaz B au gaz H entre 2019 et 2020. Elle a été réalisée dans la Somme sur le secteur de Doullens, et dans le Nord sur les secteurs de Gravelines, Grande-Synthe et Dunkerque. Cette expérimentation a lancé une dynamique territoriale intéressante qui a permis de largement mobiliser les professionnels.
« La première phase de test a eu lieu à partir d’avril 2019 dans la zone de Doullens. Zone sur laquelle se situe mon entreprise de chauffage. Nous avons réussi à faire participer les adhérents de la Capeb sur cette opération d’envergure. Pour ne pas aborder ce vaste programme en restant chacun de notre côté, nous avons monté un groupement d’artisan. C’était une grande première pour nous tous. Le dispositif nous permet aussi de nous former », s’est félicité le président de la Capeb Hauts-de-France, Paul Pechon.
Déjà 21 millions d’euros de retombées économiques
Cette phase pilote a généré plus de 21 millions d’euros de retombées économiques dans la région. Ce sont 90 recrutements de techniciens de maintenance qui ont été réalisés dans 39 entreprises et 47 candidats ont été orientés vers la filière de formation des chauffagistes. Plus de 80 entreprises ont été mobilisées. L’opération consiste essentiellement en un réglage de la pression qu’il faut abaisser de quelques millibars au niveau du point de livraison.
Du point de vue technique, il a été constaté que dans 98 % des cas, un simple remplacement du régulateur de pression, voire un réglage des appareils était suffisant. Pour les quelques appareils incompatibles au gaz H (830 clients concernés durant la phase pilote soit environ 1 % des cas), un dispositif de remplacement a été mis en place, dispositif prévu par la loi de finances 2019.
Assez de main d’œuvre qualifiée ?
Le principal enjeu pour la suite des opérations sera de disposer d’assez de main d’œuvre qualifiée. Le projet représente environ 200 000 jours de travail et nécessite la mobilisation de 2 500 techniciens sur sa durée. « Un site Internet est disponible. Tout le monde est mobilisé », souligne Samuel Vanhecke, président du Synasav Nord-Normandie.
Un dispositif spécifique d’accompagnement des entreprises a en effet été créé grâce à un partenariat unissant la région Hauts-de-France, les départements, GRDF, le Geiq (Groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification) BTP Hauts-de-France, Pôle emploi, Proch’Emploi, les organisations professionnelles (Capeb, Gret/FFB et Synasav), l’Education nationale, et l’Afpa.
Candidats employables
Le site www.emploienergieavenir.fr permet d’identifier les entreprises qui souhaitent participer au projet « changement de gaz » tout en les mettant en relation avec des candidats employables immédiatement (techniciens expérimentés ou non), en reconversion ou en recherche de formation.
La phase de généralisation va commencer dans le Pas-de-Calais par la conversion des secteurs de Calais et de Saint-Omer dont la phase de réglages débutera le 15 février prochain, 50 000 clients sont concernés. Des pics à plus de 200 000 clients convertis par an sont prévus à partir de 2024.