Hager fait monter ses essais électriques en puissance depuis l’Alsace

A son siège tricolore d’Obernai (Bas-Rhin), le groupe franco-allemand de solutions électriques met en route son propre laboratoire de tests des appareils de protection contre les courts-circuits dans les bâtiments tertiaires. Les évaluations seront réalisées dans les conditions d’intensité les plus extrêmes que peut connaître ce type de constructions. Hager va ainsi gagner du temps, en ne faisant plus appel à des installations extérieures, et va progressivement proposer la prestation à des clients.

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Tests des appareils de protection contre les courts-circuits dans les bâtiments tertiaires par Hager - salle des résistances
Un ensemble de résistances et d’inductances permet la montée du courant en intensité par paliers de 10 000 ampères à un maximum de 150 000 ampères.

C’est un « pas de tir ». Des tirs à à balles non réelles, puisqu’il est question d’électricité, mais d’une puissance extrême. Sur le site d’Hager France à Obernai (Bas-Rhin), le groupe fait envoyer, en une à quelques secondes, des injections de courant qui propulsent celui-ci à 10 000 ampères puis le font monter par paliers à 150 000 ampères, c’est-à-dire « 10 000 fois l’intensité de la prise de courant domestique de base », compare Jean-François Bonnardot, directeur de l’ingénierie.

Cette opération forme le cœur de l’activité du laboratoire de tests inauguré ce jeudi 5 décembre par le groupe d’appareils et installations électriques. Hager a consacré un investissement de 16 millions d’euros (dont une aide de la région Grand Est d’1 million d’euros) à cette infrastructure, « l’une des cinq plus puissantes de sa catégorie en Europe, et certainement la plus moderne », assure Jean-François Bonnardot. L’ampleur de l’enveloppe est en rapport avec celle des conditions d’essais qui sont mis en œuvre.

A partir d’un énorme générateur de 3 mètres diamètre atteignant une vitesse d’un plus de 3 000 tours par minute, le laboratoire fait monter la tension du courant jusqu’à 12 000 volts et, donc, son intensité jusqu’à 150 000 ampères, soit le palier du type de construction dont l’efficacité de la protection est analysée ici en priorité : « les bâtiments tertiaires dans leur toute variété : centres commerciaux, bureaux, établissements hôteliers, etc. », précise Emmanuel Roussel, responsable de ce projet baptisé « Taranis », en référence au dieu celte de l’orage. La tension, elle, est ramenée par trois transformateurs aux valeurs inférieures à 1 000 volts caractéristiques de tels bâtiments. Le tertiaire fait partie des cibles de marché devenues prioritaires pour Hager depuis quelques années.

Tests des appareils de protection contre les courts-circuits dans les bâtiments tertiaires par Hager - laboratoire générateur
Tests des appareils de protection contre les courts-circuits dans les bâtiments tertiaires par Hager - laboratoire générateur Tests des appareils de protection contre les courts-circuits dans les bâtiments tertiaires par Hager - laboratoire générateur

Le nouveau laboratoire d’essais de Hager à Obernai (Bas-Rhin) fait reposer son process sur un gros générateur de 3 mètres de diamètre et 110 tonnes. © Christian Robischon

Accréditation Cofrac imminente

Le but de l’exercice consiste à analyser les courts-circuits générant d’immenses arcs électriques et, ainsi, à certifier les gros disjoncteurs et les systèmes de distribution (armoires électriques) de forte puissance qu’Hager développe et produit. Dans cette phase initiale de mise en service, le groupe concentre les travaux du laboratoire sur un objectif de validation interne, mais il va ensuite le proposer comme banc d’essais à de potentiels clients. « L’accréditation Cofrac qui rendra possible cette évolution est attendue en 2025 », indique Emmanuel Roussel.

Tests des appareils de protection contre les courts-circuits dans les bâtiments tertiaires par Hager - laboratoire disjoncteurs
Tests des appareils de protection contre les courts-circuits dans les bâtiments tertiaires par Hager - laboratoire disjoncteurs Tests des appareils de protection contre les courts-circuits dans les bâtiments tertiaires par Hager - laboratoire disjoncteurs

L’équipement inauguré ce 5 décembre vise à tester l’efficacité de disjoncteurs de forte puissance. © Christian Robischon

Hager bénéficiera ainsi, à son tour, de l’externalisation qu’il pratiquait pour lui-même jusqu’alors : il effectuait ce type de tests dans des installations extérieurs…y compris chez des concurrents. Une situation jugée insatisfaisante, d’abord par les délais d’attente qu’elle engendrait. « Nous doter de nos propres moyens nous permettra de mettre sur le marché plus rapidement des produits, garantis parfaitement conformes et fiables », souligne Jean-François Bonnardo.

Une lourde dalle de Demathieu Bard

Puissants, les nouveaux équipements d’Obernai sont également lourds. Le générateur de base de 110 tonnes, fabriqué par le Français Jeumont Electric, repose ainsi sur une dalle de béton renforcé de 400 tonnes, montée de surcroît sur des ressorts afin d’absorber les vibrations. Hager a fait appel à Demathieu Bard pour la confection de ce socle particulier.

La montée en puissance, dans tous les sens du terme, des équipements au stade de la recherche et du développement s’inscrit dans celle de la production à Obernai. En effet, l’usine alsacienne forme le plus grand des 22 sites industriels du groupe dans le monde en atteignant un chiffre d’affaires de 3,1 milliards d’euros en 2023. Elle abrite également le siège de la filiale France, où travaillent 2 300 salariés sur les 13 000 qu’emploie Hager.

Obernai mieux que la Chine

Aux 36 millions d’euros d’investissements cumulés pour deux extensions et modernisations de production en trois ans, se sont ajoutés récemment 11 millions d’euros qui se veulent vecteurs d’un message fort : la ligne de production de disjoncteurs concernée, et installée depuis mai 2024, remplace un site en Chine qui alimentait le marché de l’Europe du sud.

« L’investissement engagé a rendu Obernai plus compétitif que son homologue chinois », a souligné Ralph Fürderer, directeur technique du groupe Hager ce 5 décembre, dans son annonce rétrospective de ce « rapatriement », qu’il décrit comme « le reflet de notre objectif de produire au plus près des clients et de réduire notre empreinte carbone ».

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