Habitat social : venelle de voisinage à Parempuyre

Dans la métropole bordelaise, 22 logements en bande, insérés dans une parcelle libre, favorisent la vie de communauté.

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La succession d'un espace planté, du parking puis de la halle collective, permet de tenir les logements à distance de la rue.

Pour décrire Parempuyre (Gironde), Anthony Jammes, architecte-urbaniste cofondateur de l'agence Grau, utilise la formule juste de « ville horizontale ». Cette commune de 10 000 habitants, la plus au nord de la métropole de Bordeaux, est un tapis de maisons et de grands jardins. Seule l'église sert de point de repère. « Cette ville est également très fragmentée : des poches d'habitations alternent avec des terrains libres.

Depuis plusieurs années, nous nous intéressons aux moyens de créer des continuités dans ce type d'urbanisme diffus », poursuit-il. Alternative intelligente au développement de lotissements pavillonnaires périphériques, la densification des espaces vacants dans la ville constituée demande un travail de dentelle. Grau, en association avec l'agence UR, en a fait la démonstration en concevant pour le bailleur Aquitanis une opération de 22 logements sociaux, à proximité de l'église Saint-Pierre.

« Le terrain était une prairie en friche qui n'avait pas bougé depuis 1945 et il présentait une vraie complexité puisqu'il formait une impasse de 140 m de long sur 20 de large », explique Thomas Amini, responsable d'opérations pour Aquitanis. L'équipe de maîtrise d'œuvre a opté pour un unique bâtiment, compact, pour regrouper tous les logements, les maisons comme les appartements, en fond de parcelle.

« Architecture essentielle ». Ainsi, la densité de cette bande construite longue de 100 m ne se perçoit pas depuis la rue et elle s'intègre d'autant mieux dans le paysage de la commune qu'elle ne dépasse pas le R + 1. Sa toiture à deux pentes et ses auvents en bacs acier ondulé gris pâle, comme l'enduit de façades vert céladon, ajoute au calme affiché de l'ensemble. « Nous avons pensé une architecture essentielle, aux détails simples. C'est un projet économe », souligne Anthony Jammes. Une structure en béton, une charpente de toiture en bois et, précise Chloé Valadié, architecte cofondatrice d'UR, « des matériaux laissés bruts à chaque fois que cela était possible. Nous sommes sur des logiques très rationnelles ». Sur la frange est de la parcelle, une seule et même allée permet d'accéder aux portes d'entrée des maisons sur deux niveaux et aux trois cages d'escalier qui desservent les appartements superposés. Si cette venelle est assez large pour permettre l'accès d'un véhicule de pompiers, elle a aussi été pensée comme un élément de convivialité, une rue commune qui sert de prolongement aux logements.

Les enfants peuvent y jouer, et un habitant a déjà pris l'habitude de tirer une chaise pour s'asseoir devant chez lui.

Equipement collectif mais peu commun, un grand barbecue a été installé.

Afin de susciter la rencontre entre les résidents, tous les lieux partagés ont été aussi regroupés à l'entrée du site : les boîtes aux lettres, les parkings ou l'espace de dépose des déchets ménagers évidemment, mais surtout une haute halle ouverte qui, en plus du local vélo, abrite un équipement collectif mais peu commun : un grand barbecue circulaire. « Cette dernière idée est venue des architectes », explique Thomas Amini qui confirme le parti pris d'Aquitanis de « créer de petites communautés. C'est aussi une condition pour être bien dans son logement. Nous cherchons à éviter que des locataires se retrouvent en situation d'isolement. » Mais pour être supportable, l'esprit de collectivité doit être contrebalancé par le droit à l'intimité. Dans les logements, tous traversants, les séjours ouvrent à l'ouest sur un espace extérieur privatif : un petit jardin avec terrasse pour les maisons sur deux niveaux et les appartements de rez-de-chaussée ou une loggia pour ceux situés à l'étage. Ainsi, une locataire, peu encline à fréquenter ses voisins, remarque que « de toute façon, je peux me mettre dans le jardin », à l'abri de ses murs séparatifs. Côté venelle, les architectes ont aussi misé sur la végétation pour jouer un rôle de filtre. Devant chaque seuil, un espace plus ou moins grand a été planté. En prospérant avec le temps, il créera une limite douce entre vie privée et relations de bon voisinage. Et cela aidera peut-être à masquer un peu les coffrets de raccordement électrique Enedis. Posés sans grand soin, ils se tiennent de guingois, juste devant les accès des logements.

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Information technique

Maîtrise d'ouvrage : Aquitanis. Maîtrise d'œuvre : Grau (mandataire) et UR (architectes-urbanistes), Trouillot & Hermel (paysagistes), Cetab (BET TCE).

Principales entreprises : RDMB (gros œuvre), AMB (charpente bois), B2C (couverture), Sanz TP (VRD), Marlhiac (espaces verts).

Surface : 1 462 m² Shab.

Calendrier : équipe lauréate de l'appel d'offres restreint en 2017, chantier de décembre 2021 à septembre 2023, livraison à l'automne 2023.

Coût des travaux : 2,93 M€ HT (avec paysage et VRD).

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