Le cadre est des plus bucolique. Les corneilles s'ébattent et croassent dans le parc des Planètes, au cœur du quartier du même nom, à Maisons-Alfort (Val-de-Marne), à un jet de pierre d'une boucle paresseuse de la Marne. C'est là, au milieu d'arbres centenaires, que les occupants de la Résidence du Soleil ont pris leurs quartiers en février dernier. Point d'Ehpad ici, mais bien un Ehpa, c'est sa dénomination officielle. Exit le « d » de la dépendance donc, et place à l'autonomie et à l'appropriation, par les résidents, de leur nouvelle demeure. L'immeuble, tout en fluidité, est venu remplacer un ancien foyer décrépit par trop vétuste. Il est signé des architectes de l'agence parisienne Badia Berger, fins connaisseurs du logement pour le plus grand nombre et de ses exigences. L'édifice, couleur des frondaisons, est décollé du sol à la manière d'une grande maison japonaise. Son petit gabarit en R + 2 le fait se fondre dans la végétation.

Clôture symbolique. Le plan d'ensemble, singulier et faussement symétrique, s'enroule sur lui-même autour d'un patio planté, accessible aux pensionnaires. Le rez-de-chaussée, habillé d'une paroi vitrée quasi continue, donne accès aux espaces collectifs et au patio autour duquel se déploient les 70 logements (T1 et T2). L'accueil, de même que les circulations, est dessiné de manière à favoriser le brassage et les échanges entre résidents, comme entre invités. Une chambre d'hôtes leur est d'ailleurs spécialement dévolue. Ce rez-de-chaussée profite également d'un préau couvert « quatre-saisons » qui ouvre sur le jardin et, au-delà, sur le parc public qu'une clôture symbolique départage.

Partout, le long des coursives intérieures, chaque logement est signalé par un ensemble menuisé en bois plaqué de chêne qui réunit la porte palière, la sonnette, une applique lumineuse et une baie en imposte au-dessus de la cuisine. « Une véritable façade », selon l'architecte Marie-Hélène Badia.


Une même méticulosité a présidé à leur aménagement qui s'appuie sur les différents composants spatiaux d'un « vrai » domicile : espace d'entrée, séjour, espace nuit, cuisine-coin-repas et salle d'eau. Tous ouvrent sur un jardinet à rez-de-chaussée ou, en étage, sur une généreuse loggia flanquée d'un cellier habillé de cuivre prépatiné. De belles échappées visuelles sur le lointain donnent le sentiment d'un espace agrandi. « Dans un programme de ce type, l'appropriation est le maître mot », précise encore l'architecte. De petits salons élégamment meublés - chose rarissime -, avec l'aide d'une agence spécialisée, ponctuent ainsi les étages supérieurs qui disposent chacun d'une grande terrasse collective ouverte sur le patio intérieur.


Restaurant, salle de gymnastique douce, bibliothèque et buanderie confèrent à l'ensemble la tonalité d'un hôtel au luxe feutré de bon aloi, davantage que d'un établissement médico-social - ce qu'il est - où il fait bon vivre, se retrouver, se reposer et vieillir doucement. En toute indépendance.