Habitat : l'art et la manière de la couture urbaine

A Rennes (Ille-et-Vilaine), l'agence d'architecture parisienne Palast a livré, l'été dernier, l'une des ultimes pièces du réaménagement de la rue de l'Alma, axe sud de la desserte urbaine marqué par la présence imposante du centre pénitentiaire pour femmes. Portée par le promoteur immobilier Réalités, cette opération de 47 logements prend place dans la partie haute de cette entrée de ville qui irrigue les alentours de la gare EuroRennes. La transformation de ce quartier n'a pas toujours fait l'unanimité en raison d'un changement d'échelle quelque peu brutal, sans transition douce avec le tissu pavillonnaire voisin. « Apaiser la relation avec les habitants des maisons et des résidences environnantes faisait partie des grands enjeux de ce projet, assez dense en définitive », explique l'architecte Pierre Silande. L'agence Palast a travaillé sur l'implantation et les proportions des volumes construits afin de retrouver progressivement le gabarit des quartiers composés de maisons en second rideau.

Des hauteurs dégressives. Dotée de toutes les typologies - du T2 aux T4 et T5 en duplex -, l'opération est fractionnée en cinq édifices en béton. Ceux-ci entourent un square végétalisé, « pensé à la fois comme un espace de rencontres et un filtre garant de l'intimité des habitants », précise Pierre Silande. Côté rue, trois bâtiments recomposent l'épannelage du front urbain en proposant des hauteurs dégressives, réglées sur celles des constructions mitoyennes auxquelles ils s'accrochent. Le premier d'entre eux, en R + 8, s'adosse à un immeuble existant comportant un étage de plus. Il est sculpté par des loggias et de longs bandeaux vitrés. Puis un deuxième volume, en R + 6, se distingue par ses balcons aux angles et sa toiture à double pente dans laquelle s'inscrivent des terrasses. Enfin, un troisième petit plot, en R + 2 et combles, vient clore la séquence. « Sur cette parcelle pilote, nous nous étions affranchis des notions de bandes principale et secondaire », note l'architecte.

Des espaces extérieurs pour tous. Côté cour, deux bandes de trois maisons chacune, implantées perpendiculairement à la rue, bordent le square arboré. Des garages à vélos et des abris de jardin bardés de bois occupent le fond du site. Au-delà de cette limite se trouvent les anciennes maisons de cheminots. La couture avec ce tissu pavillonnaire passe donc par la gradation des différents volumes. L'échelle domestique du centre de la résidence se perçoit nettement depuis la rue de l'Alma via les deux entrées piétonnes. Dans un va-et-vient constant, les architectes de Palast ont associé le travail sur la volumétrie des bâtiments avec celui sur le plan des habitations, maximisant ainsi le nombre de logements traversants. Tous sont prolongés par des espaces extérieurs, de la terrasse au jardinet, en passant par la loggia ou le balcon généreux en angle. Comme le prévoit le nouveau PLUi de Rennes Métropole.