Chez GSE, les problèmes de pénurie et de cherté des matériaux ont été résolus de la manière suivante : « On se met autour de la table avec les clients, les investisseurs, les sous-traitants et leurs fournisseurs pour trouver des solutions qui font mal. Chacun rogne ses marges sur les 15% de hausse du coût de construction depuis le début de la guerre en Ukraine. Sur l’entrepôt, nous observons les mêmes niveaux en France et en Europe », confie Roland Paul, président du contractant général avignonnais, filiale du groupe de BTP allemand Goldbeck.
Ainsi aucun coup de frein significatif n’est à déplorer parmi ses chantiers français en cours, dont l’entrepôt de 100 000m² du groupe Seb à Bully-les-Mines (Pas-de-Calais). Le dirigeant n’a pas noté d’arrêt de prises de commandes, « mais des projets spéculatifs ont été arrêtés en Allemagne », un marché caractérisé par une forte pression foncière.
« La pénurie n’est plus une réalité »
Reste que les opérations continuent de voir le jour car basées sur des prix actualisables, selon lui. Quid des délais de livraisons de produits en acier ou en bois ? « La pénurie n’est plus une réalité, tranche-t-il. Elle a été causée par des entreprises qui ont réservé des slots de productions sans connaître le prix. »
GSE en faisait partie. « Nous construisons la plus grande verrerie d’Italie pour un client dont l’usine en Ukraine a été détruite. Il veut que ça aille vite, donc nous avons commandé en avance des isolants. Ce qui peut entraîner des pénuries », concède Roland Paul. Et de rappeler : « Les petits chantiers ont moins subi la pénurie. Les fournisseurs de charpentes, par exemple, avaient du stock. Sur des projets de plus de 100 000m², c’était plus compliqué. »
Le prix moyen d’un entrepôt prime tourne autour de 550€/m², contre 300€ il y a dix ans, estime-t-il.
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Le loyer, variable d’ajustement
Actif apprécié des investisseurs, l’entrepôt logistique voit également ses coûts grimpés en raison des exigences environnementales et sociétales. De la qualité de l’air en Chine à la qualité de vie au travail en Europe, en passant par la montée en puissance du bois, notamment dans les charpentes afin de réduire l’empreinte carbone. Sans oublier « les taux d’intérêt qui ont pris 2% depuis le début d’année, si l’on se base sur les taux de la Banque de France et la marge pour risque des développeurs », relève Roland Paul.
Dans ce contexte inflationniste, la variable d’ajustement réside dans le loyer. « Heureusement, en France, la tendance est haussière sur fond de manque d’offre et de taux de vacance historiquement bas, autour de 4 % », observe-t-il.
Une soixantaine de chantiers
GSE prévoit de lancer une soixantaine de chantiers, principalement en logistique et en France, lors de l’exercice en cours, d’avril 2022 à mars 2023. Il en avait démarrés 72 lors du précédent exercice.
Les trois-quarts des entrepôts, usines et bureaux construits par GSE se trouvent actuellement sur des friches. Et « quasiment » tous ses projets à lancer ou à l’étude sont situés sur des zones commerciales ou militaires à reconvertir, assure Roland Paul.
L’international, porté par l’Italie et l’Espagne, représente la moitié du dernier chiffre d’affaires annuel de 743M€. Un niveau jamais atteint. La logistique pèse 80% de l’activité de GSE ; l’industrie, 15% ; le bureau, 5%.
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Les premiers parkings silos signés
Le parking silo, sa quatrième branche âgée de deux ans, doit se frayer une petite place. « Les premiers parkings ont été signés à Bordeaux et Rungis. Le marché offre de belles perspectives, surtout dans les villes dirigées par des maires écologistes anti-voitures », anticipe-t-il.
Ce virage écologique a un prix : 7000€ minimum par place au sein d’un parking silo à bâtir en périphérie du centre-ville, contre 2 500€ par place si le parking est en surface.