Sur les 150 chantiers Kaufman & Broad en cours, des coups freins sont observés « au cas par cas », confie Nordine Hachemi, P-DG. Mais ceux-ci ne sont « pas liés à la conjoncture ni à la rupture d’approvisionnement », insiste-t-il, en conférence de presse téléphonique le 15 avril.
Renoncer n’est pas enterrer
Aucune opération à lancer n’a été reportée à cause de la cherté des matériaux et des énergies accentuée par la guerre en Ukraine. « Mais on s’autorise à reporter (un projet, NDLR) si les coûts ne sont pas appropriés, si l’on ne peut pas atteindre nos objectifs de rentabilité », explique le dirigeant. Et de souligner : « Renoncer à un projet, cela veut dire qu’il faudra 12 à 18 mois pour le ressortir. »
Le report d’une opération présente un coût limité aux études de dépôts de permis compris entre 200 000 et 300 000 €. Kaufman & Broad prévoit une enveloppe dédiée d’environ 5 millions par an. « Nous sommes toujours à ce niveau-là », assure Bruno Coche, directeur général chargé des finances.
Le taux de marge brut avant lancement commercial s’élève à 19% pour un logement standard et de moins de 17% s’il y a vente en bloc. Alors que des concurrents comme Eiffage Immobilier se disent contraints de rogner leurs marges, « la politique n’a pas changé : on privilégie la rentabilité au volume », assure Bruno Coche.
Scenarii d’augmentation des prix
Reste que le sixième promoteur de France a abandonné des fonciers avec promesses signées, non pas pour des raisons habituelles de droit d’urbanisme mais à cause de la nouvelle donne économique. « Si on n’arrive pas à négocier avec le propriétaire parce que le bilan ne fonctionne plus, on arrête le projet », reprend Nordine Hachemi.
Avec un coût de construction en hausse de 5% sur ces neuf derniers mois, Kaufman & Broad anticipe des scenarii d’augmentation des prix, sachant que le coût du terrain pèse « entre 20 et 50% du projet », rappelle Nordine Hachemi. L’idée est de provisionner un certain montant pour une opération à lancer dans les mois à venir.
En parallèle, le tri se fait entre « entreprises de bonne foi » et « entreprises opportunistes », remarque le P-DG. Outre « l’accompagnement des PME qui achètent au fur et à mesure de leurs besoins », des discussions sont menés avec « des institutionnels qui achètent en bloc pour ajuster ces hausses », précise-t-il. Avec les grands groupes qui signent des contrats cadres et les acquéreurs particuliers, c’est plus délicat.