Edouard Sauvage, le président de GRDF le rappelait encore fin juin, dans ses propositions pour le plan de relance : développer le gaz vert ou biométhane arrive en tête des priorités.
Le distributeur de gaz comptait fin 2019, 123 sites de méthanisation dans l’Hexagone et prévoit surtout la mise en service de 1085 nouveaux sites.
« L’injection de biométhane dans nos réseaux permet de couvrir les besoins d’environ 200 000 logements, ce qui correspond à la production de constructions neuves chaque année », souligne Antoine Sellier, responsable national de la promotion privée au sein de la direction développement de GRDF. Avec un atout de poids pour ce gaz « vert », il n’est pas issu du sous-sol, mais de la méthanisation de la biomasse agricole. « Sa production devient locale », insiste le responsable.
Créer des boucles énergétiques locales
Pour mémoire, le principe consiste à collecter les déchets agricoles ou des restes alimentaires afin qu'ils soient « digérés » par des bactéries anaérobies. Le gaz qui en résulte est ensuite nettoyé puis injecté dans le réseau. Pour que l’installation soit rentable, GRDF mise désormais sur l’autonomie des territoires grâce au biométhane. « Il s’agit de créer des boucles énergétiques locales, ce qui nécessite de travailler en concertation avec les collectivités comme avec les promoteurs afin de construire la ville autrement », poursuit Antoine Sellier.
Cogénération
Parmi ses références, GRDF met en avant la démarche de la mairie de Châteauneuf (Alpes-Maritimes) qui a réalisé, en mars 2017, un complexe multi-activité de 1700 m². Il s’agissait alors de construire un bâtiment sobre et autonome énergétiquement grâce à une architecture bioclimatique, une isolation par l’extérieur et de la récupération de chaleur sur les groupes frigorifiques [l’édifice accueille une cuisine centrale notamment, NDLR], sur l’air extrait des différentes surfaces et sur les eaux grises.
Par ailleurs, l’ouvrage a été équipé d’un module de micro co-génération (puissance nominale 14,7 kW thermiques et 5,5 kW électriques) et d’une chaudière d’appoint. D’une puissance de 179 kW, elle assure les pointes en besoin de chauffage et d’eau chaude sanitaire. La fourniture de la co-génération est assurée pour le moment par du biométhane, via un contrat d’approvisionnement spécifique qui atteste de l’origine de la production.
Produire du biométhane localement
Entre septembre 2017 et mai 2018, la cogénération a fonctionné 3500 heures. Son rendement électrique est de 24 %, son rendement thermique de 60 %. Et toute l’électricité produite a été consommée sur place, tandis que la consommation de gaz représente 78 MWh.
« La prochaine étape sera de produire localement du biométhane », pointe Antoine Sellier. La municipalité étudie la possibilité de créer un site de méthanisation, qui récupérait les déchets des 24 communes de la communauté d’agglomérations de Sophia-Antipolis.