« Plusieurs milliards d’euros » : la commission internationale pour la protection du Rhin (CIPR) ne dispose pas d’évaluation plus précise des investissements nécessaires à son nouveau programme pour 2040, adopté le 13 février à Amsterdam par la 16e conférence ministérielle sur le Rhin réunie par l'institution commune aux Etats riverains du fleuve.
La diversité des sources financières et des contenus des projets explique l’approximation : « Il peut s’agir d’une campagne sur la manière correcte d’éliminer des médicaments, de la transformation d’une station d’épuration des eaux, de la construction d’un bassin de rétention des crues ou d’une passe à poissons ou bien encore d’un programme de mesure – pour ne citer que quelques exemples », commente Marc-Daniel Heintz, chef du secrétariat de l’institution basée à Coblence (Allemagne) et placée depuis le 1er janvier dernier sous la présidence de Veronica Manfredi, directrice Qualité de la vie à la direction générale de l'environnement de la Commission européenne.

Deux passes d’ici à 2026
A court terme, une partie importante des efforts continuera à se concentrer sur la construction des infrastructures nécessaires au retour des saumons jusqu’en Suisse : de 2018 à 2027, la CIPR a calculé une addition de 627 millions d’euros pour les mesures hydro-morphologiques de son plan directeur « poissons migrateurs ».
Sous la présidence d'Yvonne Van Nieuwenhuizen, ministre des infrastructures et de la qualité de l'eau des Pays-Bas, la conférence des ministres réunie à Amsterdam a fixé le calendrier des prochaines étapes, qui placeront la France en première ligne, au sud du département du Bas-Rhin : amélioration des seuils fixes de Gersthein et Rhinau (Bas-Rhin) en 2023 au plus tard ; mise en service des passes à poisson de Rhinau et Marckolsheim en 2024 et 2026.
Le verrou de Vogelgrun
La CIPR a salué la bonne articulation entre ces chantiers de génie civil et les travaux de génie écologique engagés par la France dans le programme « Rhin vivant ».
Dans le Haut-Rhin à l’entrée sud du Grand canal d’Alsace, EDF poursuit les études nécessaires à l’aménagement le plus complexe, pour la montaison : le contournement Est du barrage de Vogelgrun, qui conduira les poissons à remonter le fleuve par les débits réservés au « Vieux Rhin », côté allemand.
En plaçant la coopération franco-allemande au cœur de Rhin 2040, cette perspective ouvre la voie d’une cicatrisation historique, un siècle après les grands travaux de canalisation financés par le vaincu au profit du vainqueur de 1918.