Grande échelle : tout l'Hexagone raconté en pixels

Un consortium public-privé prépare un jumeau numérique national. Son ambition : présenter un démonstrateur d'ici trois ans.

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L'équipe de France du jumeau numérique est sur pied, elle comprend 13 partenaires publics et privés (1) et prévoit de s'atteler dès septembre à une modélisation précise et dynamique du pays et de ses territoires. Les 200 réponses reçues à un appel à communs lancé à l'été 2024 ont permis de cerner les besoins : simuler les conséquences du changement climatique, comparer des scénarios de politiques publiques, faciliter la concertation… Le tout sur des thématiques allant de la gestion des risques à celle des épidémies en passant par l'aménagement urbain et les problématiques de mobilité.

« Le projet passe d'abord par la construction d'un socle commun numérique fait de données open source et de briques techniques de type hébergement, stockage, calcul, interfaçage et interopérabilité », rappelle Quentin Houéry, coordinateur du programme à l'IGN. Le deuxième axe consiste à développer des cas d'usage métier. « Une collectivité pourra par exemple lancer une simulation de précipitations pour évaluer les risques d'inondation », explique Sophie Houzet, directrice de la Fabric'O du Cerema, spécialisée dans les villes et territoires intelligents. « L'un des enjeux est l'interconnexion avec d'autres jumeaux pour partager des données », poursuit-elle.

Tout cela nécessitera la levée de plusieurs verrous technologiques. « Il faut pouvoir croiser de grandes quantités d'informations issues de sources très variées sous des formes différentes, les intégrer sur une seule plateforme et faire en sorte que leur combinaison produise une vraie valeur ajoutée », indique Emmanuel Pietriga, directeur de recherche à l'Inria. La représentation des données est un autre sujet de recherche, « car un certain nombre d'utilisateurs ne seront experts ni en cartographie, ni en géographie, mais des décideurs », ajoute le chercheur.

Modèle économique. Le projet mobilisera 70 équivalents temps plein au sein du consortium sur les trois ans de sa première phase. « L'objectif est de démontrer que notre socle commun offre une valeur ajoutée, aide une filière industrielle à se développer et facilite l'accès à ce type d'outil pour n'importe quel acteur public », résume Quentin Houéry qui espère disposer d'outils fonctionnels « dès la première année ». Pour ce projet qui sollicite un financement via France 2030, la démonstration sera également économique : « il faudra prouver que l'activité commerciale générée peut financer le développement des infrastructures qui la supportent », précise le coordinateur.

(1) IGN, Cerema, Inria, 1Spatial, Camp to Camp, IGO Geofit, Siradel, Cnes, LuxCarta, Geometry Factory, Cap Digital, ENSG-Géomatique et IFPEN.

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