Cela ne se voit pas vraiment à l’œil nu mais il avance. A raison de 7 m/h, le viaduc de la ligne 17 du Grand Paris Express a commencé mercredi 14 mai à enjamber les autoroutes A1 et A3 à Gonesse (Val d’Oise). Cinq nuits (à l’exception du week-end) d’un lançage pour lequel les 14 voies parmi les plus fréquentées d’Ile-de-France ont été totalement fermées à la circulation. L’ouvrage d’art de 200 m de long et 9 m de large s’inscrit dans une portion aérienne de 5,5 km située de part et d’autre de la station Parc des expositions, et constituée de 3,5 km de viaduc et 2 km d’ouvrages en terre.
Impression de tunnel aérien
Il s'agit du lot 2 de la ligne 17 qui reliera Saint-Denis-Pleyel au Mesnil-Amelot d’ici fin 2030, remporté par NGE avec quatre de ses filiales (NGE Génie civil, NGE Bâtiment, NGE Fondations et Guintoli). La maîtrise d’œuvre est signée AIA Sweco avec Ingérop et AIA Ingénierie. L’ouvrage d’art entièrement métallique a été dessiné par Dietmar Feichtinger (également architecte de la gare Parc des Expositions) qui a voulu créer une impression de tunnel aérien avec un tablier surmonté d’arceaux maintenus par des liernes. « Les arceaux supportent le profil de contact qui viendra approvisionner la ligne 17 en électricité par le haut », explique Isabelle de Calan, gestionnaire du marché de cette section aérienne pour la Société des grands projets (SGP).

700 t sur six appuis
Fabriquées près de Venise par l’entreprise italienne Cimolai, les 70 pièces du viaduc ont traversé les Alpes pour être assemblées par soudure sur une plateforme située dans l’axe de la ligne. « Nous avons aujourd’hui 170 soudeurs-monteurs sur l’ensemble de la section aérienne », indique Peyo Cordova, directeur de projet pour NGE. L’ouvrage de 700 t repose sur deux culées et six appuis. Avec une pile double au centre du viaduc pour une reprise d’effort maximale, et des piles simples sur les côtés, en A pour laisser passer une piste cyclable, en V pour se glisser dans un environnement particulièrement contraint… « il y a eu une vraie recherche sur ces éléments », souligne Isabelle de Calan.
Cinq heures par nuit
Avant que les équipes puissent prendre possession du site pour cinq heures, il a fallu mener un vaste travail de coordination avec la direction des routes d’Ile-de-France (Dirif), le concessionnaire Sanef, le groupe ADP et les préfectures de Seine-Saint-Denis et du Val d’Oise. « Notre créneau d’intervention est très court donc tout est vérifié au préalable et le treuil est doublé de manière à minimiser l’aléa en pleine nuit », détaille Peyo Cordova. Si la plus grande partie du viaduc, soit 175 m, est lancée lors de cette opération, l’ouvrage devra être complété en juin par le grutage des 25 derniers mètres, dont la courbe est incompatible avec un lançage.
70% des déblais réutilisés
Au-delà de ce viaduc, l’ensemble de la section aérienne de la ligne 17 comprend 22 000 t de charpente métallique, dont 20 000 t pour le viaduc et 2 000 t pour la gare Parc des Expositions. Le génie civil du viaduc sera achevé à la fin de l’automne, tout comme les zones en remblais. La section fera ensuite l’objet de 200 000 m3 d’aménagements paysagers menés par Michel Desvignes. « Nous avons réutilisé 70 % des déblais de la ligne 17 pour nos remblais », souligne Isabelle de Calan. Mais aussi des matériaux issus d’autres chantiers dans un rayon de 25 km, comme la ligne 16 ou le CEA. La terre fertile, soit le premier mètre terrassé, sera elle aussi réutilisée pour les aménagements.