Parti de Guyancourt en juin 2024, le tunnelier Awa a fait son entrée mardi 10 juin dans la boîte qui forme la gare de Versailles-Satory (Yvelines) avec quelques semaines d’avance, transperçant la paroi moulée ornée d’un gigantesque « 18 » sur fond vert, la couleur de la ligne, sous les applaudissements des compagnons. « L’arrivée d’un tunnelier est toujours une étape importante, c’est un événement technique mais c’est aussi un événement pour les équipes », souligne Vianney Elzière, directeur de projet de la ligne 18 à la Société des grands projets (SGP).
Tunnelier de réemploi
« C’est le premier aboutissement de deux ans de travail », se félicite Stéphane Mazurais, directeur de projet pour le groupement réunissant Spie batignolles (mandataire) et Ferrovial. Awa, tunnelier à densité variable utilisant de la boue sous pression, est un engin de réemploi puisqu’il a déjà creusé 6 km entre Palaiseau et Massy (Essonne) dans le cadre du lot 18-1. Celui-ci était réalisé par un groupement piloté par Vinci Construction Grands Projets avec notamment Spie batignolles Génie civil et Spie batignolles Fondations. « Nous avons racheté la machine et l’avons reconditionnée avec l’aide de son constructeur, Herrenknecht », indique Stéphane Mazurais.
Une gare à 30 m sous terre
Un contrat passé avec EDF permet d’alimenter l’engin de 120 m de long et 1200 t par de l’énergie renouvelable via des garanties d’origine. Entre Guyancourt et Versailles, Awa a parcouru 3,7 km à une vitesse moyenne de 20 m/j sous des couvertures de 10 à 45 m. Avec son radier situé à 30 m sous terre, la gare de Versailles-Satory est la plus profonde de la ligne 18, « une configuration dictée par le passage du tunnelier sous les étangs de la Minière », explique Vianney Elzière. Avec une telle profondeur, la gare, conçue par l’agence Corinne Vezzoni et Associés, ne sera pas équipée d’escaliers mécaniques mais de six ascenseurs et d’un escalier monumental « à la Chambord » orné d’une œuvre de l’artiste Carole Benzaken.
90 % de sable
Outre le tunnelier, le groupement Spie batignolles-Ferrovial a également repris la station de traitement des boues du lot 18-1. « Nous travaillons dans un terrain composé à 90 % de sable et 10 % d’argile à meulière », indique Stéphane Mazurais. Cette station, qui comporte quatre niveaux de séparation, nous permet d’évacuer un sable que nous cherchons à revaloriser en cimenterie ». Une fois traversée la gare de Satory, l’engin replongera début juillet à 55 m de profondeur pour 3 km jusqu’à Versailles-Chantiers, terminus de la ligne 18, mais pas du tunnelier qui poursuivra sa route jusqu’à l’ouvrage annexe du Stade, son puits de sortie.
Traversée en boîte pleine
Le même groupement assure le gros œuvre des trois gares des Yvelines : Guyancourt, Versailles-Satory et Versailles-Chantiers. Si les deux premières sont déjà très avancées, les travaux sur la dernière ont démarré plus tard que prévu. « Pour tenir les délais, nous allons faire traverser le tunnelier en boîte pleine, c’est-à-dire que nous viendrons terrasser après son passage », explique Vianney Elzière. Dernier de la ligne 18 à entrer en service, le tronçon reliant Christ de Saclay à Versailles Chantiers, sera ouvert aux voyageurs en 2030.