Le rapport de synthèse du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (Giec) a été publié lundi 20 mars 2023. Le texte de 36 pages réussit à résumer l’état des connaissances mondiales sur le changement climatique. Il reprend les principales conclusions de l’ensemble des ouvrages produits dans le cadre du sixième rapport d’évaluation (AR6), sur la base des contributions des trois groupes de travail et des trois rapports spéciaux (lire encadré ci-dessous). « Et surtout, ce texte fait autorité car il a été approuvé phrase par phrase par les 195 Etats, conformément aux règles de fonctionnement du Giec », insiste Guillaume Meunier, directeur délégué d’Elioth (Groupe Egis).
Dépendance aux énergies fossiles
Côté émissions de gaz à effet de serre, le constat est sans équivoque : les émissions qui découlent de notre dépendance aux énergies fossiles (charbon, gaz et pétrole) causent déjà des ravages sur la planète avec une augmentation moyenne à la surface du globe de 1,1 °C pour la période 2011-2020 par rapport à 1850-1900.
Autre élément sur lequel les auteurs insistent : l’utilisation des énergies fossiles constitue le principal facteur de réchauffement de la planète, avec 79 % des émissions mondiales issues de l’énergie, de l’industrie, des transports et du bâtiment.
Des mesures d’adaptation insuffisantes
Malgré cette prise de conscience, les mesures de planification et d’adaptation restent insuffisantes et ne sont pas à la hauteur des besoins. La plupart de ces mesures sont fragmentées, progressives et spécifiques à un secteur, ce qui nuit à leur efficacité. Par conséquent, les scientifiques indiquent que l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 °C fixé par l’Accord de Paris est déjà manqué. De fait, ce seuil devrait être atteint au début de la décennie 2030.
Des mesures ambitieuses s'imposent de toute urgence
Pour autant, « une action climatique équitable et efficace portée à l’échelle planétaire réduira non seulement les pertes et les dommages infligés à la nature et aux populations, mais nous apportera aussi d’autres avantages », a déclaré Hoesung Lee, président du Giec. « Ce rapport de synthèse montre que des mesures plus ambitieuses s’imposent de toute urgence et que, si nous agissons maintenant, nous pouvons encore garantir un avenir durable et vivable à toute la planète », a-t-il ajouté.
66 % de potentiel de réduction des émissions de GES pour le bâtiment
De fait, le secteur de la construction peut jouer un rôle de poids dans la transition. Le bâtiment est l’un des deux secteurs qui peut avoir le plus d’impact avec 66 % de potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Seul le transport terrestre le dépasse avec un potentiel de réduction de 67 % des émissions.

Une utilisation efficace des bâtiments
Comment la filière bâtiment peut-elle prendre sa part des réductions des émissions de gaz à effet de serre ? « En misant sur la sobriété », constate Guillaume Meunier à la lecture du rapport de synthèse. Tout est dans le paragraphe C.3.4 du rapport de synthèse relatif aux villes et les infrastructures.
Pour les villes, l’objectif est de prendre en compte les impacts et les risques liés au changement climatique au moment de la conception des bâtiments et des infrastructures. De même, l’aménagement doit faire en sorte de regrouper les emplois et les logements, un concept qui rappelle celui de la ville du quart d’heure. Enfin, les élus locaux doivent soutenir les transports en commun et la mobilité active comme la marche ou le vélo.
Vers la substitution des matériaux traditionnels
Côté bâtiments, il est nécessaire d’en faire « une utilisation efficace » et de réduire et de modifier la consommation d’énergie et de matériaux. « Concrètement en France, nous utilisons à 80 % du béton, l’objectif est bien de mettre en œuvre des matériaux qui émettent moins de CO2, estime Guillaume Meunier quand le Giec parle de « substitution des matériaux » ».
Il est encore temps d’agir, car même si la fenêtre d’action se réduit, un avenir résilient et vivable est encore à notre portée si des mesures sont prises au cours de la décennie 2020. Ce changement radical de nos modes de vie porte en lui de nombreux avantage puisque réduire drastiquement le recours aux fossiles diminuera la pollution atmosphérique et se traduira par des bénéfices sur la santé. Mieux, les experts du Giec estiment que les avantages économiques pour la santé humaine seraient du même ordre de grandeur que les coûts de l’atténuation.