Gares et connexions entame la numérisation en BIM de son patrimoine

Connaître son patrimoine en détails est un défi de taille pour Gares et Connexions qui gère au quotidien 10 millions de m². Face à l’enjeu, la société mise sur le BIM avec un déploiement sur plusieurs années.

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La gare de Toulouse Matabiau doit être entièrement numérisée pour pouvoir être exploitée en BIM.

« Avec 3000 gares, qui représentent 10 millions de m², dont 8 millions pour les seuls quais, notre patrimoine est très conséquent. Or, en tant que gestionnaire d’actifs, nous le connaissons de façon imparfaite. Améliorer l’entretien et l’exploitation de ces ouvrages grâce aux jumeaux numériques, nous permettra entre autre de mettre en place la maintenance prédictive des équipements techniques », commence Jacques Peynot, directeur des grands projets chez Gares et connexions.

C’est pourquoi, la filiale de SNCF Réseau a décidé de numériser en Building information modeling (BIM), l’essentiel de son patrimoine. « Plus précisément, ce sont les 122 gares les plus importantes à travers le territoire qui vont être gérées et exploitées grâce au BIM d’ici quelques années », ajoute Henri Vignoles, qui pilote le déploiement de la trajectoire BIM chez Gares et Connexions. 

Développer une plateforme spécifique

Un défi colossal qui nécessite de recourir à de nouveaux outils, en particulier pour la plateforme qui permettra d’accéder aux données statiques, relatives au gros œuvre schématiquement. Et aux données dynamiques, qui concernent cette fois le fonctionnement des équipements comme les escaliers roulants, les chaudières, le traitement d’air, etc.

Afin de développer cette plateforme spécifique, Gares et connexions a passé un partenariat d’innovation avec Dalkia et avec la start-up Stéréograph, basée à Lille. Ensemble, ils ont mis en place une cellule d’une vingtaine de personnes dédiée à l’élaboration de cet outil spécifique.

« L’objectif sera ainsi de créer le trait d’union entre la conception des bâtiments et leur exploitation. Grâce à la maquette numérique d’un ouvrage existant, nous pourrons interfacer les données de façon à disposer d’un modèle dynamique complet, un véritable jumeau numérique », précise François Vasse, vice-président exécutif de Dalkia en charge du commerce, du marketing et de l’innovation.

Créer des jumeaux numériques de chaque gare

Mais disposer des modèles numériques de 122 gares avec toutes les données afférentes nécessite une méthode d’acquisition rigoureuse. « Le développement de cette plateforme qui centralisera l’ensemble des données et permettra leur visualisation en 3D est en cours. Cela représente un investissement de 3 millions d’euros pour Dalkia », souligne François Vasse.

Un montant qui doit servir en particulier à développer la solution, à définir les données qui seront collectées et à les structurer. « Créer un jumeau numérique connecté à plusieurs bases de données différentes nécessite une grande rigueur de la part de chaque entreprise qui intervient sur l’ouvrage. Toutes ces informations sont ensuite supervisées par un BIM data manager, qui doit garantir le respect d’une même charte et de protocoles d’échange identiques », poursuit-il.

Chaque métier dispose comme toujours de son propre système d’information. La priorité concerne la Gestion maintenance assistée par ordinateur (GMAO), avec un objectif : éviter de disposer deux fois de la même donnée dans des endroits différents. L’ambition est donc de placer la maquette numérique de chaque gare au centre de la plateforme. A partir de là, les informations relatives aux descriptions techniques des équipements (électricité, plomberie, traitement d’air, eau chaude sanitaire, courants faibles….), à l’occupation de l’espace, issues de la GTB ou des objets connectés, etc. seront accessibles via des passerelles spécifiques.

Retours des utilisateurs sur l'ergonomie

Afin de s’assurer de l’intérêt de l’outil pour les futurs utilisateurs, deux réunions sont organisées avec eux chaque mois. Manager de gare, surveillant de travaux, correspondant patrimoine… participent ainsi activement au développement de l’outil. « Ils nous donnent leurs avis sur l’ergonomie et les fonctionnalités de la plateforme, ce qui nous permet de nous y adapter autant que possible », insiste Henri Vignoles, pilote du déploiement de la trajectoire BIM chez Gares et Connexions.

Côté mise en œuvre et déploiement, les trois partenaires ont prévu plusieurs étapes. La première, en cours, consiste à acquérir les données de deux gares emblématiques. Ce sont Nîmes-Pont du Gard, un bâtiment neuf conçu et réalisé en BIM dont les Dossiers des ouvrages exécutés (DOE) numériques ont été livré en début d’année. Et Toulouse Matabiau, une gare classée monument historique, complexe et immense. L’édifice connaît en ce moment d’importants travaux de rénovation, qui se déroulent sans interruption de l’exploitation (voir encadré ci-dessous). 

Prochaine étape : numériser les dix principales gares de Bretagne

Une fois ces deux maquettes numériques opérationnelles sur la plateforme, ce sont les jumeaux numériques des dix principales gares de Bretagne qui seront ajoutées jusqu’en 2022. Enfin, il restera trois ans pour que les 122 principales gares du reste de la France rejoignent la plateforme. Un appel d’offre est d’ailleurs en cours afin de référencer les entreprises locales capables de réaliser l’acquisition digitale dans leurs différentes régions d’implantation.

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