A l'occasion du congrès de Nancy (30 septembre, 1 et 2 octobre) de l'Union nationale des syndicats français d'architectes (Unsfa), son président François Pélegrin est interrogé par "Le Moniteur". Une interview à lire dans le n°5262 du vendredi 1er octobre.
Le 35e congrès de l'Unsfa se tient actuellement à Nancy. Quel en est le thème central et pourquoi?
Cette année notre congrès se déroule à Nancy, à la fois dans le Palais des Beaux Arts et à l'Hôtel de ville. En somme, sur la très belle place Stanislas. "La place de l'architecture, aujourd'hui" est donc un thème tout trouvé! Au-delà du jeu de mots, il s'agit bien de s'interroger sur la place de l'architecte aux côtés du citoyen.
C'est là le thème-clé de mon mandat. Pourquoi l'architecte est-il, en France, si peu et si mal intégré à l'activité économique? Pourquoi le citoyen n'a-t-il pas le réflexe de s'entourer d'un vrai conseil, celui de l'architecte, lorsqu'il fait construire sa maison ou rénover son habitat? Je rêve du jour ou l’architecte sera naturellement désiré et non plus imposé.
Que redoutez-vous de la nouvelle procédure de partenariat public-privé (PPP) dans la commande publique?
Les PPP ne doivent pas inféoder l'architecte à l'entreprise. De la même manière, les élus ne doivent pas se livrer pieds et poings liés à de telles opérations lancées avec une logique de pur rendement financier qui seront certainement plus coûteuses car il faudra bien rémunérer le capital privé et le risque. Les élus doivent pouvoir choisir leur architecture selon les procédures traditionnelles du concours, en raisonnant en coût global.
Ce que nous voulons éviter, c'est que l'ordonnance sur les PPP banalise le recours à ce type de procédure en l'étendant à tous les projets. Le texte, dans son libellé actuel, autorise le recours à ce dispositif en raison de l'urgence ou de la complexité du projet à réaliser. Or, tous les projets sont complexes et aujourd'hui tout est devenu urgent! Le PPP doit rester l'exception et ne pas devenir la règle, telle est notre conviction que tout citoyen devrait partager car il en va de la qualité de notre cadre de vie.
Les citoyens ne souffrent-ils pas tous simplement d'un manque d'"appétit d'architecture"?
Oui. Comment mettre en "appétit d'architecture" le plus large public et rendre l'architecture désirée par tous? C'est un travail de longue haleine dont on mesurera les effets dans 20 ans si l’on s’y prend aujourd’hui. Pour que l'architecture acquiert un droit de cité il faut, bien entendu, lui redonner sa juste place dans l'enseignement scolaire et parler d'elle dans les grands médias. Les campagnes de publicité récentes ont eu peu d'impact
Et puis ne perdons pas de vue qu’un environnement sans architecture induit du mal vivre et d’énormes coûts sociaux.
Propos recueillis par Dominique Errard.
Texte complet de l'entretien dans "Le Moniteur" de ce vendredi.