Argent plus rare, exigences environnementales accrues : la période actuelle est compliquée pour les projets routiers dans la moitié nord de la Franche-Comté. Un coup de semonce majeur avait été porté courant 2021 par la commission d'enquête publique de la déviation est de 8 km de Vesoul (Haute-Saône) : son avis défavorable a retoqué le projet de 65 M€. « Un échec totalement regrettable, qui ne résout en rien le problème local de trafic », déplore Yves Krattinger, président du conseil départemental (CD).
Révision à la hausse. C'est désormais au sujet de la mise à 2 x 2 voies de la RN 19 sur 4,7 km entre Héricourt (Haute-Saône) et Sevenans (Territoire de Belfort) pour sa connexion à l'A 36 concédée à APRR que la tension monte entre l'Etat et les collectivités locales. Le premier en a réévalué le montant à 32 M€ par rapport aux 23 M€ inscrits dans un protocole d'accord de 2019. Les secondes refusent de payer la différence. « Nous n'avons pas d'explication satisfaisante sur la révision à la hausse. Et l'Etat ne semble pas disposé à prendre en charge le surcoût, sachant que sa participation actuelle (12 M€) se borne à réemployer l'apport qu'il a reçu d'un fonds de concours d'APRR », critique Florian Bouquet, président du CD du Territoire de Belfort.
Au nord de Besançon (Doubs), les négociations sont également serrées pour boucler les 130 M€ de l'élargissement de la RN 57 vers la commune de Beure (3,7 km), soumis à enquête publique jusqu'à cette fin mars. Le nouvel exécutif écologiste de Besançon a accepté de confirmer sa contribution de 25 % après quelques aménagements. Le CD du Doubs manquait à l'appel. « Nous cofinancerons, au vu du caractère indispensable de ce barreau pour le département et du travail réalisé pour assurer ses liens avec notre réseau. Je proposerai prochainement à notre assemblée un vote à hauteur de 15,9 M€ », annonce au « Moniteur » sa présidente Christine Bouquin. Le montant correspond à la participation prévue de 12,5 %, mais le fait de la fixer en valeur absolue prémunit contre une revalorisation automatique si le coût total augmentait. En outre, le projet doit confirmer son inscription au contrat de plan Etat-région 2022-2027.
Les élus de Haute-Saône attendent aussi de voir ce contrat pour croire à l'élargissement de la RN 19 entre Amblans et Vesoul, auquel l'Etat s'est déclaré favorable. Avancée concrète en revanche, les travaux pour la deuxième phase (34 M€) de 2 x 2 voies de la RN 57 entre l'A 36 et Devecey (Doubs) démarrent ce printemps, suite à leur attribution à Roger Martin.
Maîtrise d'ouvrage déléguée. De leur côté, les départements font progresser les dossiers placés sous leur maîtrise d'ouvrage. Le Territoire de Belfort engage la desserte de l'Aéroparc de Fontaine, en pleine expansion dans la logistique (Amazon) et l'hydrogène. « Nous financerons l'intégralité des 20 M€ pour un objectif de travaux en 2024-2025 », indique Florian Bouquet. La Haute-Saône poursuit son modèle, original, de maîtrise d'ouvrage déléguée de projets situés sur route nationale. Elle l'applique aux déviations de Luxeuil-les-Bains (2,5 km) et Fougerolles-sud (4,5 km), dans le but d'avancer à 2024 le calendrier de leurs mises en chantier.