La revitalisation d’un bourg ardéchois a convaincu le jury présidé par Florence Mercier. Florine Lacroix, fondatrice de l’atelier L. et conceptrice de l’aménagement en cours d’achèvement à Chassiers, a décroché le premier prix dans la catégorie Réalisations, à la quatrième édition des prix de la Fédération française du paysage (FFP).
Innovation et tradition
Même si l’organisateur ne donne de prééminence à aucune des six familles de dossiers éligibles, la récompense accordée à la paysagiste établie à Vénézac (Ardèche) n’en sort pas moins du lot : la réalisation du projet de paysage constitue le cœur du métier, et l’œuvre primée démontre la capacité de ceux qui l’exercent à rendre la vie plus belle.
Le jury a salué une approche qui « fusionne l’innovation écologique et la tradition du village, créant ainsi un cadre à la fois durable et respectueux de l’environnement ». Florine Lacroix confirme un parcours déjà riche en marques de reconnaissance, après l’édition 2020 des Albums des jeunes architectes et paysagistes, et le prix des nouveaux talents 2016 de la FFP.

Florine Lacroix (L.Paysage) a transformé l'ambiance de Chassiers (Ardèche) avec une conception frugale qui associe innovation et tradition.
Sélection : l’éternel dilemme
Entre une sélection draconienne qui facilite la communication extérieure et la représentation de la diversité des facettes du métier, la FFP défend une partition délicate. « A mi-chemin entre les victoires du paysage, avec ses dizaines de prix, et le lauréat unique du Grand prix national du paysage, nous cherchons à montrer les spécificités du travail de conception », rappelle Edith Vallet, modératrice des débats du jury. Outre la réalisation et les jeunes diplômés, les catégories Etudes urbaines, participation, réalisation et recherche synthétisent la diversité du métier.
Pour faciliter l’exercice, la FFP a progressé dans la formalisation de sa grille d’évaluation. « L’outil très malléable permet de repérer les notes associées à chaque critère. Le jury peut choisir ce qu’il souhaite valoriser, dans chaque catégorie. Cela facilite l’émergence de consensus », se félicite la médiatrice. Trois personnalités qualifiées s’ajoutent à huit représentants des délégations régionales de l’organisation professionnelle, pour composer le jury.
Le retour des parcs
Mais l’efficience de la grille n’a pas totalement empêché ce dernier de buter sur l’obstacle ainsi formulé par Edith Vallet : « S’il voyait un seul prix pour un petit bourg, l’adhérent de la FFP postulerait-il une seconde fois pour un grand parc » ?
La question éclaire la « mention spéciale » et le « coup de cœur ». Edith Vallet laisse parler le sien, à propos du second, attribué à Guillaume Morlans pour le parc du château de Valbelle (Var) : « A la fois raffinée et ouverte, riche de ses fabriques, cette œuvre nous ramène à notre cœur de métier »… La « mention spéciale » échoit également à la conceptrice d’un parc : Léa Hommage y restitue la mémoire industrielle de Saint-Nazaire.
Jeunes sur le front de l’écologie
Entre les six catégories et les neuf prix, la différence s’explique également par les deux lauréats ex-aequo et la mention spéciale de la catégorie « Diplôme ». Sur la montagne et les incendies, deux étudiants primés pour leurs travaux de fin d’études approfondissent le décryptage des défis climatiques que relèveront les générations montantes de paysagistes concepteurs.
Sur les plaies laissées par le poison du chlordécone à Capesterre Belle-eau (Guadeloupe), la troisième lauréate de la catégorie Diplôme ne s’attaque pas seulement à un enjeu écologique. Dans son projet qui renoue avec des savoir-faire traditionnels et une gestion collective du sol, Valentine Bonnefond (Ecole nationale supérieure de la nature et des paysages de Blois) rappelle le rôle du paysage comme gardien de la mémoire collective.